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Demy (Jacques)

Autant vous y préparer, et en jouir par avance: grâce à l’hommage que lui rend la Cinémathèque Française pendant quatre mois, l’été sera plein de Demy, cinéaste enchanteur d’un cinéma «en-chanté», comme on a pu dire auparavant ‘en-couleurs’ ou ‘en-cinémascope’. Pas besoin de convoquer un titre de film particulier, vous avez forcément dans un coin de mémoire un bout de chanson rimée sur la musique de Michel Legrand…Etymologiquement, l’un et l’autre de ces créateurs sont des exemples simples à comprendre, mais si Le-grand a forcément été le surnom d’un lointain ancêtre à la taille particulièrement remarquable, il en va autrement de Demy. Profitons-en néanmoins pour rappeler quelques règles simples.

Il n’y a évidemment aucun rapport avec une moitié de quelque chose (demi), pour une raison bien simple, c’est qu’il y a toujours dans la création d’un patronyme une base logique. S’il y avait ici la moindre évocation d’une réduction ou d’un élément petit, elle se manifesterait par un…dimi-nutif, présent à la fin du mot, sous des formes différentes; le plus souvent, ce sera un suffixe en -et, -ot, voire -oche (cf.mioche) si l’on pousse un peu plus loin. Signalons au passage que le préfixe ‘demi’ français vient du latin ‘demidius’ (de-midius: du milieu, ou de la moitié), qui a également permis former le synonyme ‘semi-‘. Notons également que la forme abrégée de ‘demi’ en ‘mi-‘ n’existe pas pour les noms propres: les Michel ne sont pas des mi-chel; les Mignon ne sont pas des mi-gnons, etc.

L’autre pensée qui doit venir immédiatement à l’esprit dès qu’un nom commence par De-, Du- ou D’, c’est qu’il y a de très fortes chances pour qu’il s’agisse d’un complément de nom ou d’un complément de lieu, avec une première partie sous-entendue. En clair: les Dejean, par exemple, désignent (le fils) de-Jean; les Dumoulin, (ceux qui habitent près) du-moulin; et les Despagne, (ceux qui viennent) d-Espagne, etc…Il y a des centaines de patronymes qui ont été formés ainsi, pour des raisons de filiation ou de provenance (après, il faut aller chercher dans les détails pour savoir de quel Jean il s’agit, de quel moulin, etc). Là encore, ne pas mettre tous les De-, Des- ou Du- dans le même panier: on a déjà signalé ici que les Durand ne ‘sortent pas du-ran(g!)’, mais, malgré le caractère d’un nom réputé très ordinaire, qualifient des gens ‘(en)-durant(s)’ sexuellement. Tant pis pour les Dupont qui, eux, ne sont que les voisins du-pont…

Voilà donc qui semble suggérer assez clairement que l’ancêtre de notre Jacques venait très probablement ‘de-My’, toponyme quasi-unique d’un hameau situé au nord-ouest de…Nantes, le long de la route de Pontchâteau, direction Vannes pour ceux qui connaissent. Et cette fois, la localisation ‘nantaise’ est trop belle pour être une coïncidence…Vous allez me dire, c’est bien beau tout çà, mais alors, que signifie ‘My’? Rien à voir évidemment avec l’adjectif possessif anglais, car il faut alors reprendre la piste et tenter d’analyser ce petit mot dont il ne nous reste plus que deux lettres! Et, si l’on considère que le ‘y’ (final, si l’on peut dire) est la marque traditionnelle d’un toponyme situé dans les régions Centre-France de l’Histoire (voyez Evry, Chantilly, Roissy, Cergy et quelques centaines d’autres), on se retrouve alors avec une…’racine’ plantée sur l’unique lettre M!

Certains étymologistes donnent à ce suffixe ‘y’, hérité de la fin de l’occupation romaine, la valeur d’un adjectif: un lieu-dit Marcy pouvant découler du latin ‘Marcius’, le domaine de Martial. Ou encore Milly (la-Forêt), venant du ‘domaine de Milius’, par exemple. D’autres vont encore plus loin, et pensent que cette simple lettre représente la contraction du mot ‘aqua’ (l’eau), ce qui permettrait de justifier un ‘Meius’ ou ‘meia + sous-entendu ‘aqua’ > ‘My’, comme ‘un endroit où il y avait de l’eau’. Tout cela l’air bien compliqué, et, pour tout dire, très aléatoire, sans compter qu’on peut constater que tous ces derniers exemples sont géographiquement situés un peu loin de la Loire-Atlantique.

Dénouement inattendu: la solution est la suivante, et elle est beaucoup plus spectaculaire, tout en restant une histoire d’eau. Car elle concerne le Brivet, minuscule cours d’eau (35kms maxi!), affluent de la Loire qui contourne My, avant de traverser St Anne (sur Brivet, justement) et Pontchâteau, pour finir dans les marais de Brière. Or la rivière en question était particulièrement fournie en anodontes, petit-nom scientifique de ces grosses moules d’eau douce à la coque claire (bien plus larges que les petites noires, dites ‘de bouchot’). My: contraction locale de moule (c’est techniquement tout à fait plausible); il s’agit donc très probablement, s’il faut en croire l’enthousiasme des riverains, de «l’endroit des moules», que la plus stricte étymologie est à deux coquilles de confirmer dans la…my-tiliculture, où l’on retrouve comme de par hasard la première syllabe du mot grec (puis latin)! Et n’aviez-vous pas remarqué que, deux moules, c’est un peu comme deux soeurs jumelles, nées sous le signe des Gémeaux…


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