Seydoux (Léa)
Jeu de piste géographique et historique pour le nom de l’une des prochaines James Bond Girls (avec Monica Bellucci), étiquette parfois très collante dans la carrière d’une actrice. En réalité, l’indépendance artistique de Léa Hélène Seydoux Fornier de Clausonne (ouf), apparentée à Jérôme (Pathé Films), Nicolas (Gaumont) ou Michel (club de foot de Lille), ne tient qu’à un fil, mais un fil résistant, et pour cause…
Dans l’étymologie des patronymes, il n’est quasiment jamais possible (ni souhaitable) de chercher à tout prix le jeu de mots pour expliquer une racine, et quand on s’en approche, c’est rarement de bon aloi. Or, ici, l’origine de Seydoux est très facile, puisque vraiment…c’est doux! Ou, plus sérieusement, Ceydoux, Siadoux ou Sidoux sont les autres orthographes possible pour nous emmener d’abord à Rome, puis à Athènes, et enfin à…Bangkok!
Commençons par le plus proche de nous, ce Seydoux de formation occitane (remarquez la syllabe ‘sey-‘), ce qui permet de le localiser, schématiquement, dans tout le sud de la France. Si l’état-civil de Léa est davantage présent dans la zone nord des Alpes, on trouve aussi les Sidoux et les Siadoux jusque dans le Gers, en passant par le Vaucluse. Le terme est phonétiquement créé sur l’adjectif ‘sedos’ (seidos, puis seidou, avant ajout final d’un ‘x’ superflu mais plus académique), qui signifie ‘ce qui est en soie’.
Du coup, comme c’est le cas assez souvent, le nom viendrait d’un effet de métonymie (on prend la partie pour le tout -parfois inversement- et on désigne la personne en rapport avec le mot); ce qui fait des Seydoux est fabricants de soie, d’où, sans doute, la localisation de la souche initiale en Savoie, puis évidemment, une fois descendus dans la ‘vallée’, la présence des soyeux lyonnais…Le trajet du mot n’est pourtant pas si lisse qu’il n’y paraît.
La ‘soie’ française vient du latin (comme d’hab) ‘saeta’, dont la définition originelle concerne du poil…dur, principalement du poil de bouc, de sanglier ou de porc, au mieux de la crinière de cheval! On est loin du pull mimi que vous envie de vous passer sur la joue. La chose est tellement rude qu’à l’époque classique (au mieux de la forme de l’Empire Romain), le terme s’appliquait également aux lignes les plus résistantes des filets des pêcheurs, et même aux aiguilles des arbres conifères! Ce n’est qu’en devenant du ‘latin de cuisine’ (après la chute de l’Empire et le mélange avec les dialectes et langues venus du Nord) que la ‘saeta’, puis ‘seta’ va devenir la matière filée par le ver à soie, explosant du coup le ‘bombyx’ utilisé jusqu’alors.
Or, dans le méli-mélo de racines de l’époque, une alternance vocalique (entre un ‘a’ et un ‘e’) fait que l’on confond puis qu’on assimile l’adjectif ‘soyeux’ (seritum) avec un autre qui est ‘sericum’, lequel évoluera en parallèle de la soie pour donner la ‘sérice’ puis la…serge en français (anciennement sarge), au sens de tissu tissé (moins doux que sa cousine). Mais le voyage n’et pas fini car, si les Latins ont ce mot, c’est qu’ils en ont hérité des Grecs, pour lesquels ‘sérice’ se dit ‘sêrikos’ (facile), bâti sur l’étymon (le mot originel) ‘sêr’, autrement dit le ser à voie, pardon le ver à soie.
Et un ver à soie qui n’était pas à eux: ils le tenaient eux-mêmes des Sères, peuple d’Asie lointaine et forcément ‘barbare’ puisqu’il n’était pas dans leur zone de civilisation, car situé dans une large partie orientale (et inconnue des géographes du moment) de ce qui deviendra (en russe) le Kitaï, ou (en mongol) le ‘Xiatad’, soit en français la…’Xine’ (prononcez Chine)! Parallèlement encore, le son initial de ‘kitai’ va être répertorié plus tard comme ‘Cathay’, ce qui explique la présence de ce nom bizarre sur les avions ‘Pacific’ d’une compagnie…chinoise, aux sièges doux comme la soie. Au moins étymologiquement.
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