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Uderzo (Albert)

Contrairement à ce que l’on croit parfois, ce n’est pas un pseudonyme, et Uderzo est bien le patronyme de ce petit garçon, fils d’immigrés italiens, devenu le partenaire définitivement inséparable de Goscinny dans la mémoire française pour avoir fait naitre et vivre d’irréductibles et désormais immortels gaulois. Mais il arrive parfois que l’Histoire ait quelques histoires (de famille), qui valent actuellement au célèbre (et riche) scénariste des déballages de linge sale en public. A moins qu’il ne s’agisse de marchés de dupes, en tout cas étymologiquement…

A l’origine, le nom d’Alberto-Alessandro est un toponyme, autrement dit un ‘nom de lieu’, l’une des principales façons d’appeler un ancêtre qui aura vécu dans un environnement particulier. On peut donc tout simplement faire référence au terrain (montagne, plaine, rivière, marais, etc), à la végétation (type d’arbres ou de plantations) ou encore la région ou le village (éventuellement le hameau) dont il était originaire. Voilà pour l’Espace. Remontons maintenant le Temps, jusqu’au 14è ou 15è siècle, pour cibler l’une des zones les plus actives de l’époque et qui faisait alors figure de capitale de l’Europe, Venise. Nous sommes donc dans le croissant nord-est de l’Italie, aux portes de la future Croatie, dont les autres principales cités s’appellent Padoue, Vérone ou Trévise; ces villes doivent leur succès à de nombreux échanges commerciaux grâce à la présence des marchés très fréquentés (on ne parle pas ici de trois bottes de carottes locales, mais de négoce de tissus, d’épices et autres orfèvreries ramenés par un certain Marco Polo).

Cela tombe bien: il y a, non loin de Trévise, une ancienne cité romaine du nom de ‘Opitergium’ (rien à voir avec un h-ôpital), dont les racines sont en fait ‘opi-terg’ (+ un suffixe ordinaire -ium), ce qui signifie ‘le lieu où se trouve un marché’ (terg=marché). Preuve supplémentaire du dynamisme marchand local: il y a, à quelques kilomètres encore plus à l’Est, une autre cité ‘Terg-est’, de même formation, sur laquelle descendront les Allemands (pardon, les Germains) de Charlemagne pour faire de Tergest la future Trigest puis…Triest(e). L’une comme l’autre de ces villes sont sur le tracé de l’autoroute de l’époque qui traverse toute la plaine du Pô pour aller vers Gênes, d’où un trafic important malgré les écotaxes de l’administration centrale.

Or, comme toujours entre les régions et leur capitale, il y a bataille sur la prononciation -et donc l’orthographe- de mots locaux; je ne sais pas si, comme en Corse, en Bretagne ou au Pays Basque, les Vénètes taggaient (1) les bornes pour y graver le nom de leur ville, mais toujours est-il que ‘Opitergium’ va se transformer en ‘Otergium’, ‘Odergium’, puis ‘Oderzio’, et enfin Oderzo; en tout cas ‘à la romaine’, car en patois vénète, on dit ‘Ouderzo’ et donc on écrit…Uderzo, précisément. On raconte que la tradition locale préfèrera rapidement oublier le mot romain avec le ‘O’, au profit de la version locale avec ‘U’, car il semble que ce soit des soldats venus d’Oderzo qui étaient en faction au pied de Jésus-Christ lors de son agonie sur le Golgotha (il y a des gens qui ne sont jamais où il faut au bon moment).

Finalement, si l’on y réfléchit bien, le très gaulois Uderzo était donc un…romain. Mais ça, bien entendu, c’est par-dessus le marché. Y compris étymologiquement!

(1) Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager -à dessin- la question ‘postée’ par un internaute visiblement soucieux d’orthographe :
«Bonjour, Est-ce que « tager » est le verbe correct pour décrire les desseins qui sont faits sur les murs en utilisant des couleurs différentes ? »


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