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Sieste

…non, pas pour des raisons biologiques, qui ont prouvé depuis longtemps qu’un temps de repos (pas trop long) permettait de retrouver une énergie suffisante, mais tout simplement à quelle heure il faut la faire exactement ? Car oui, on ne fait pas la sieste n’importe quand, en tout cas étymologiquement!

On doit l’invention de la ‘sieste’ (le mot) aux Romains, même si l’action ne semble pas vraiment coller à l’image que l’on a des soldats en jupette; rien à voir avec la position allongée adoptée par les participants à un banquet (même s’il n’est pas recommandé d’avaler couché, mais c’est une autre histoire). Pour trouver l’heure de votre sieste, il faut rappeler que la journée de nos ancêtres latins se divisait en deux périodes de douze heures.

Exemple (variable): six heures (du matin) – midi / midi – dix-huit heures; puis venait la première veille (dix-huit heures – minuit) et enfin la seconde (minuit – six heures)…le tout en fonction de la saison bien sûr, le lever et le coucher du soleil étant les véritables repères d’un temps qui donnera du fil à retordre, encore au 20ème siècle, entre ceux de la campagne ‘qui marchent à l’heure solaire’ et ceux de la ville qui suivent ‘l’heure légale’ (1).

Bref, le Romain qui travaille commence alors sa journée vers six heures; à la sixième heure arrivent la fatigue en même temps qu’un petit creux, d’où l’idée de lever le pied et le reste au moment le plus chaud de la journée (midi). Or, en latin, cette sixième heure se dit ‘sexta (ou sextia, dans la langue populaire) hora’…Comme l’idée d’heure est évidente (2), l’expression va se dispenser du second terme: ne reste donc plus que ‘sextia’ (sixième) que nos ancêtres, gaulois cette fois, vont s’approprier avec leurs habitudes (=incertitudes) de prononciation et donc faire  ‘sistia’, ‘sestia’ puis sieste. La croûte se casse donc à midi et le hamac s’ouvre aussi.

On est donc loin des conventions modernes qui vous font saliver dès que vous entendez le générique du 13h (ou 20h) de TF1, elles-mêmes déjà très éloignées du ‘dîner’ époque Henri IV qui se prenait à midi afin de laisser le ‘souper’ se dérouler le plus tard possible dans la nuit. D’ailleurs, ‘dîner’ est la contraction d’une forme de verbe qui signifie ‘rompre le jeune’ soit dis-jeunare (avec un préfixe qui exprime la distanciation ou l’arrêt). Lequel a donné évidemment notre mot actuel de ‘déjeûner’, obligeant votre bol de croquettes au chocolat du réveil à devenir un ‘petit-déjeûner’. Logique ! 

De plus, il s’en est fallu de peu que cet adjectif ‘sixième’ reste définitivement marqué au calendrier, mais comme le Créateur a voulu un septième jour pour faire…la sieste après avoir bossé du lundi au samedi (3), on a écopé de sept jours pour diviser le mois lunaire, ou plus précisément de ‘sept matins’ soit dans la langue de Jules (César) ‘septem mane’ et dans celle de Montaigne ‘seemmâne’ puis semaine (4). Voilà, vous pouvez vous rendormir…

(1) On n’est toujours pas sortis de l’auberge au 21è siècle avec l’heure d’hiver et l’heure d’été…

(2) Contrairement au français et à l’allemand (Uhr), toutes les langues n’éprouvent pas le besoin de préciser : ’a las seis ‘ en espagnol, ‘at six’ en anglais, ‘alle sei’ en italien…

(3) En fait, du dimanche au vendredi mais c’est encore une autre histoire.

(4) On a échappé à ‘septem vespera’ (sept soirs) qui serait devenu quelque chose comme ‘sevespre’ puis ‘sevêpre’, pas très joli ni très pratique…


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