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St-Jean de Luz

…ce sont les…toponymes (les noms de lieux) qui ont le plus de succès, ‘Aix-en-Provence’, ‘Montpellier’ ou ‘Sarlat’ semblant hypnotiser particulièrement les lecteurs connectés depuis les Etats-Unis, le Canada ou la Belgique! L’actualité n’a pas toujours de bonnes raisons de mettre soudain à la Une telle ou telle commune (1) mais permet parfois de rectifier ou de clarifier un détail largement -et faussement- répété…

Nous voilà donc partis dans une zone à risques (étymologiques), passionnante mais fréquemment discutée, sur l’origine du nom de cette ville de Pyrénées décrétées ‘Basses’ par la Révolution Française en 1890, puis ‘Atlantiques’ depuis 1969 (2). Dans cet espace éminemment basque, on dit non pas St Jean-de-Luz en v.o mais ‘Donibane Lohi(t)zun’. 

Première confirmation: aussi bien le St-Jean francophone que le Donibane basque expriment la présence du premier baptiste de l’Histoire chrétienne ou peut-être le rédacteur de l’un des Evangiles sous la protection duquel est placée la cité; on en trouve d’ailleurs les premiers écrits au 11è siècle dans des archives de Bayonne sous le nom latin de « Sanctus Johannes de…Luis », puis de Joaris et  Donibane Lohizun. Côté ‘saint Jean’ donc, pas de miracle (linguistique).

Là où ça se complique, c’est avec ce «luz» dont le touriste de passage (3) est persuadé qu’il s’agit du mot espagnol signifiant la lumière, d’où un «St-Jean-de-la-Lumière» dont beaucoup font remarquer l’association logique avec un saint, soit – symboliquement – l’illumination spirituelle (ou l’éclairage électrique de l’auréole?) apportée par un disciple de Jésus…Seulement voilà, la région n’a jamais été espagnole, et encore faudrait-il prouver d’où vient cette lumière, sachant que, si ce n’est pas une lumière ‘locale’ particulière (sans faire injure aux couchers de soleil sur le phare de Socoa), il devrait y avoir des Saint-Jean-de-la-Lumière un peu partout en France (4)! 

Or, depuis le 1er siècle, cette région a été successivement celte, puis romaine, puis germaine (les Wisigoths sont descendus par là), puis encore vasconne (les Wisigoths ont été virés par la tribu des Vascons déjà installés dans le coin auparavant, lesquels donneront leur nom au ‘Pays V/Basque’), puis…normande (rapidement). Bref, pas de «luz» à l’horizon linguistique, sans compter qu’à l’époque, il n’y avait pas de frontière à Biriatou ! Alors?

Pendant longtemps (disons, un 19ème siècle romantique et parfois un peu fantasque), on a considéré que «luz» était une version locale du mot d’ancien-français ‘lus’ qui désigne un…brochet, racine que l’on retrouve dans le nom commun du ‘brochet-de- mer’, le mer-lu (!); avec même une variante dans mor-lu qui deviendra mor-ue. On ne va pas se battre sur les détails de la nomenclature halieutique (qui concerne les poissons) pour différencier le merlu de la morue (séchée) du cabillaud (frais) du colin (selon la région de pêche), etc…mais comme on ne peut contester que la côte basque soit une région de pêche réputée (et dangereuse, d’où la fondation de St Jean comme abri côtier), voilà qui rendrait assez logique cette étymologie.

Or, si on va à la pêche uniquement avec le nom originel de la ville, on retrouve bien St-Jean sous la forme Donibane (là, pas d’arêtes non plus) mais ‘luz’ pourrait bien alors être une contraction du mot ‘lohitzu’, lequel évoque en basque un terrain boueux, un lieu de…marécages qui concernait (autrefois) le bassin de stagnation des eaux de la Nivelle et de ses affluents venus des terres intérieures. 

Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que cet écoulement soit strictement côtier: la ‘proche’ cité de Luz (dite St-Sauveur depuis 1962 seulement), dans les Hautes-Pyrénées et donc en montagne, tiendrait le même nom d’une très ancienne racine celte attachée aux rivières gasconnes. Origine linguistique apparemment confirmée donc, ce qui n’empêche pas de mettre en lumière la vraie définition et si possible tout le monde dans la même nasse, en tous cas étymologiquement!

(1) En ce mois de février 2023, un événement dramatique dans un lycée privé.

(2) C’est vrai quoi, la Seine ou la Loire ne sont pas plus ‘Inférieure‘ (1942) que la Corse n’est ‘Basse’. Seul le Rhin… 

(3) Non, je n’ai pas dit parisien

(4) St Jean-de-Monts (Vendée), St Jean Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) et des dizaines d’autres


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