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Vaccinodrome

…d’entrer dans un ‘vaccinodrome’. Au-delà de la fonction objective de prévention sanitaire, c’est probablement le nom du lieu lui-même qui a visiblement écorché pendant longtemps la bouche des hommes politiques ou de certains journalistes. Le mot a en effet une résonance vulgaire, pour ne pas dire funeste puisque le dernier ‘vélodrome’ est connu, en dehors du stade de Marseille, pour une rafle massive pendant l’été 1942 (bien que nommé Vel d’Hiv, vélodrome d’hiver). Or, pour la course contre le virus, on ne peut pas trouver mieux, y compris étymologiquement.

Petit préalable rapide et sans doute évident pour vous, il y a deux éléments dans vaccino-drome, le premier faisant référence à la vaccine, la forme bénigne de la variole transmise à l’homme par la vache (en latin, ’vacca’ d’où le mot); vaccine, comme protéine ou pénicilline (pour d’autres raisons) a écopé du même suffixe du domaine scientifique que vous retrouvez dans des centaines de mots du dictionnaire des maladies ou du répertoire des médicaments (1).

Le second élément n’est, lui, pas un suffixe même si on va le retrouver en composition dans de nombreux termes, et surtout il est de provenance nettement moins transparente. Il s’agit en fait du futur (très) irrégulier du verbe grec qui signifie courir, dont d’ailleurs aucun des temps de la conjugaison n’a la même racine! (un peu comme en français : être, je suis, je fus, j’ai été, etc…). Bref, à Athènes, parallèlement à courir -physiquement- dans ou sur un stade (2), le mot qualifie également la course du soleil dans le ciel ou, au figuré, la course…au pouvoir.

Un ‘drome’, c’est donc l’action de se mouvoir rapidement, et pas seulement à la force des jambes, sauf en ce qui concerne les chevaux (on ne dit pas les pattes) et surtout à l’époque des Romains qui vont faire rouler des chars sur un hippo-(cheval) -drome (course) encore contenu dans un stade en pleine ville et non pas sur une pelouse anglaise de banlieue; alors que les Grecs, eux, préféraient les cynodromes, d’après la racine ‘cyno-‘ qui signifie chien (3), et particulièrement de la race de ces coureurs que nous appelons aujourd’hui lévriers (4).

Après les animaux, on fera donc courir des cyclistes (le-dit vélodrome), mais aussi des voitures (un autodrome, nom un peu ringardisé des circuits automobiles), des avions (aérodrome, qui désigne le tarmac et non l’aéro-port, la station commerciale) et même des fusées (en Russie, le pas de tir se dit cosmodrome, la course aux étoiles). Moins large mais tout aussi rectiligne, vous pouvez avoir les boules pour aller au boulodrome, qui n’est pas le trajet pour aller au boulot mais la place où vous jouez à la pétanque.

Ajoutons-y quelques autres vocables plus rares mais pas moins originaux, comme un…baisodrome passé de mode mais hérité de la libération sexuelle des années 1970 et dont vous trouverez bien tout seuls la spécialité; mais je vous ai gardé également le syndrome (syn-drome), littéralement ce qui va avec (syn-, en grec) la maladie, autrement dit ce qui réunit pusieurs…symptômes. Les adeptes de mots croisés ou jeux télévisés connaissent bien les palindromes, les mots qui peuvent se lire dans un sens comme dans l’autre car le regard court (-drome) en aller-retour (palin-), comme kayak, radar ou Laval.

Je vous ai gardé pour la fin le catadrome, que vous allez peut-être découvrir sauf si vous êtes déjà au bout de la ligne, puisqu’il s’agit d’un poisson connu des pêcheurs. Son nom est éloquent (si, si!) : en grec toujours, ‘cata-‘ évoque quelque chose qui descend ou qui tombe (une catalepsie, c’est une paralysie qui se jette sur vos muscles; une catastrophe, c’est un événement qui vous tombe sur la gueule sans que vous vous y attendiez, etc). Et si de nombreux poissons sont catadromes, c’est que leur course dans la rivière descend (cata-) le courant pour aller se reproduire en mer. Un peu comme nos concitoyens qu’il faudra donc forcément persuader de descendre massivement au stade pour se faire vacciner!

(1) Sauf pour la pangoline, qui n’est pas le virus du pangolin mais…sa femelle.

(2) A l’origine, un stade n’est que la mesure de distance de la piste sur laquelle couraient les athlètes (un peu moins de 200 mètres), puis le site de la piste elle-même, puis le ou les gradins et dépendances pour accueillir les spectateurs.

(3) Même racine que cynégétique, ‘l’art de la chasse au gibier avec des chiens’, puis, de façon plus générale, la science canine.

(4) A l’origine aussi, ce sont en fait des ‘liévriers’, des coureurs derrière un leurre de lièvre (mais c’est pas de la tarte à dire, d’où la chute du premier ‘i’); vous pouvez aussi leur mettre un lapin, mais lapiniers, c’est moins classe, surtout s’ils sont afghans…


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