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Vuitton (Louis)

…de classements, de podiums, de récompenses et de listes. Celle du moment est due à un magazine américain et vise à répertorier les marques les plus connues dans le monde. En première position, un réseau de vente sur internet dont le nom commence par A (1), et il faut attendre le rang 21 pour trouver la première mention française avec le groupe du malletier de luxe qui signe de son célèbre monogramme les produits en tissu, en cuir mais aussi en bois, et pour cause…

Ne cherchez pas la moindre piste en vous fondant sur le son du mot (rien de ‘vite’, là-dedans), car il s’agit d’une opération linguistique ordinaire mais à laquelle on ne pense pas spontanément: les Vuitton, Vuiton et même Vuitier sont en fait des ‘hypocoristiques’ (des diminutifs) d’après un nom de personne d’origine germanique. 

En effet, entre les 5ème et 10ème siècles, dans les mouvements de populations venues de l’Est et du Nord de l’Europe, un certain nombre de syllabes (et de sons) ont subi une ‘inflexion’, un changement de consonne dû à des phénomènes de prononciation, lors du mélange des différents parlers. Par exemple, la racine germaine ‘wid’, qui désigne le bois, s’est transformée en ‘guid’ ou ’gui’, selon les combinaisons.

L’exemple maintes fois répété dans ces chroniques est le Wilhem germain ou flamand, resté William en anglo-saxon mais devenu Guillaume en français. Ou le terme ‘wahton’ (surveiller), resté en ‘wachen’ en allemand, se retrouve dans notre ‘guetteur’ national. Idem avec  le verbe ‘widan’ qui va donner guider, etc…Quant au gui tout court (l’arbuste), il cumule une confusion entre un ‘whisila’ et le ‘viscum’ latin (l’arbre collant) pour qualifier les petites boules blanches que vous connaissez.

Notre Vuitton a donc gardé le son originel (et original) d’un ‘wuiton’, ce qui ne l’empêche pas d’être un proche cousin -linguistique- des Guiton, Guitaud ou Guitard (2)…Et dire que tout ça a commencé dans le frou-frou des robes du Second Empire, puisque le jeune Louis, avant de devenir malletier, a d’abord été layetier, autrement dit un fabricant de layette(s), ce qui n’avait rien à voir avec les chaussons roses tricotés par Mamie pour son petit-fils à naitre!

Au 14ème siècle, une layette désigne une petite ‘laie’, mot adapté en français d’après le néerlandais ‘laeye’ qui représente une boite plutôt plate puis un…tiroir. Or, dans ce tiroir, on va ranger des éléments de (sous?) vêtements et autres fanfreluches, ce qui va permettre de constituer ce que l’on appellera un ‘trousseau’, c’est-à-dire tous les éléments en tissu, qu’ils soient vestimentaires, décoratifs ou utilitaires (les draps & mouchoirs).

Au fil du temps, muni de son suffixe diminutif (-ette), le mot va évidemment se spécialiser petit à petit dans le premier âge, ce qui n’empêchait pas les voyageurs de première classe, grâce aux nombreux tiroirs et aménagements intérieurs des malles, de ranger également le trousseau de bébé à côté des crinolines. Vuitton, les bagages qui font feu de tout bois, y compris étymologiquement! 

  1. Taper le mot dans le champ de recherche (décembre 2019)
  2. Attention, la ‘gratte’ à Johnny vient de l’italien ‘guitara’, d’après le latin ‘cithara’, issu du même mot en grec (même si les versions modernes de l’un et l’autre n’ont pas vraiment le même nombre de cordes)


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