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Yates (Adam ou Simon)

…un coup de projecteur sur l’un des premiers hommes (1) porteurs du maillot jaune en ce début de boucle, le britannique Yates que les journalistes (et les spectateurs) vont devoir distinguer tout au long des étapes de son jumeau Simon, lui aussi prétendant aux sprints sur la ligne. Coïncidence : l’un et l’autre peuvent s’ouvrir les portes du palmarès cycliste national, en tous cas étymologiquement!

Ce patronyme typiquement anglais a une longue histoire et un certain nombre de transformations linguistiques dues au…français. Il semble que les premières traces en outre-Manche remontent à la fin du 12ème siècle, dans le comté du Gloucestershire, à l’ouest de l’île, le long de ce qui est encore un Pays de Galles très distinct du royaume pas encore uni. Il s’applique alors à un noble de la région sous l’écriture de ‘Jette’, probable interprétation française d’une ancienne prononciation anglaise; quelques années plus tard, on enregistre des mentions un peu plus claires avec ‘Del Yate’ ou ‘Att Yat’ pendant deux siècles.

L’intervention (intempestive) de la langue française dans le vocabulaire anglais est due au fait que, au long des soubresauts de l’Histoire ballotant la présence des Frenchies dans les affaires ou les territoires britanniques (et réciproquement), on parle à cette époque notre langue à la Cour et dans les milieux aristocratiques (2). De fait, les Parisiens n’étant pas encore abonnés aux tutos londoniens et pas franchement décidés à se tordre la bouche pour adopter les sons locaux, on en arrive à enregistrer l’ancien mot du Moyen-Age anglais ‘geats’ sous l’orthographe ‘yates’.

Bon…il faut dire qu’à l’origine, le ‘g’ en question se prononçait très probablement ‘y’, d’où cette forme moderne. Pour ceux qui pratiquent la langue dite de Shakespeare justement, il est possible d’y voir rapidement un rapprochement avec le terme actuel de ‘gates’, c’est-à-dire le pluriel de ‘gate’, la porte, et c’est le cas ici.

Tout comme les Laporte (ou les Delaporte) évoquent pour nous un ancêtre dont la fonction avait un rapport avec une porte bien précise (et non pas une banale entrée de maison), à savoir une Porte de la ville (3), les Yates étaient désignés soit par la localisation de leur propre demeure (près de la porte de la ville), soit par la fonction de ‘portier’ attachée au service de ce point d’entrée dans la cité.

En France, on pourra y rajouter son collègue M. Claverie, d’après la  ‘clave’, ancienne forme du mot ‘clé’, l’homme chargé d’ouvrir les serrures des lourdes portes (par contre, cette fois, le parallèle n’est pas possible avec les Keys anglais, ce ‘key’-là désignant un quai, comme en Floride). En tous cas, sur le Tour, Adam ne jouera pas vraiment le rôle de celui qui verrouille une ligne de coureurs qui progressent contre le vent et qu’on appelle pourtant ‘le…portier’. Même étymologiquement!

PS: Pour les fanas du classement, Tadej Pogaçar est dans les archives depuis juillet 2021. Et Jonas Vingegaard depuis juillet 2022…A vos claviers.

(1) opportunément nommé…Adam!

(2) Rappel: « Dieu est mon droit » (le cri de ralliement des armées) et « Honni soit qui mal y pense » (devise de l’Ordre de la Jarretière) sont en version française dans la tradition anglaise (même aujourd’hui).

(3) Pour Paris, la Porte de Versailles, de Clignancourt ou de St-Denis par exemple; et pareil dans tant d’autres villes (la Porte de Brandebourg à Berlin)


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