Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…sans aucune arrière pensée, puisque – comme il est rappelé régulièrement dans ces pages – seul le hasard fait parfois un rapprochement entre deux sons ou deux noms. Or, pour confier le salut (au moins judiciaire) de personnes agressées sexuellement à une commission présidée par un M.Sauvé, on ne pouvait pas faire plus symbolique.

En effet, salut (le nom commun) et sauvé (le participe passé) ont la même provenance qui est la racine du verbe latin ‘salvare’, qui signifie…sauver. Le but d’un ‘sauvetage’, c’est de conserver quelqu’un en bonne santé, au pire de lui éviter de mourir en assurant son salut (le voilà), un salut d’abord physique puis si possible psychologique voire spirituel, c’est ce dernier sens qui a été récupéré par l’Eglise. L’autre définition de ce même verbe est également soigner, ce qui va bien dans le même but que sauver, en mettant en oeuvre des techniques médicales ou autres dans le but de garder valide un malade ou un blessé.

Parallèlement à la forme ‘salvare’, il existe d’ailleurs une forme très proche qui est ‘salverer’ (avec un ‘e’) qui s’attache cette fois à la suite, si l’on peut dire, de sauver puisqu’il signifie être bien portant, en pleine forme. C’est le mélange de ces deux racines qui va permettre aux Romains de se dire bonjour (et au revoir) en proclamant « Salve », que nous avons adopté dans un… »Salut! », que vous pouvez utiliser, de la même façon, quand vous croisez quelqu’un ou quand vous le quittez. 

Vous remarquerez ‘salvare’ évoque le soin que l’on prend de quelqu’un, avec un sens plutôt actif; alors que ‘salvere’ est davantage non pas passif mais pronominal, c’est-à-dire qu’on prendre soin de soi-même: d’où la possibilité de ‘se sauver’, pour échapper à un danger par exemple d’où le sens de fuir (pour rester en bonne santé si on vous attaque).

Bref, ce concept très humanitaire va permettre de créer une foule de noms communs, dont certains vont devenir propres, à commencer par celui de notre président de commission. De Sauvé (plutôt dans le nord de la France, en Picardie par exemple) à Sauvat ou Salvat (en conservant le L latin, comme en Languedoc), on passe donc inévitablement à Sauveur, surnom très élogieux en principe réservé au Christ lui-même (le sauveur), d’où les nombreux sites et églises baptisés St-Sauveur un peu partout dans le pays.

Toujours en alternance avec les formes Salv/Sauv, signalons les endroits habités par des Sauvé, combinés avec un suffixe -ade qui exprime le nombre ou l’abondance, ce qui nous donne Sauvade, Sauvadet ou…Salvetat, qui représentaient des cités ou simplement des maisons accueillant des gens réfugiés ou de passage (des demandeurs d’asile non pas encore politique mais des pèlerins). Idem dans d’autres pays, comme par exemple en Italie où les Salvo et Salvi représentent la même idée, jusqu’à un Savio, patronyme idéal d’un St-Dominique piémontais qui vivait au milieu du 19ème siècle, et qui fut canonisé en 1954 par le pape Pie XII comme…saint patron des enfants et protecteur de la jeunesse (sic).

Avant de se sauver définitivement, il faut signaler, parmi tant d’autres, un sauveur très célèbre, celui qui fut inspiré par la forme latine ‘salvator’ devenue salvador en zone hispanique et donc sud-américaine, ce qui conviendra aussi bien pour qualifier la ville de Bahia au Brésil qu’à baptiser un chanteur prénommé Henri en Guyane. L’autre particularité, plus rare, est le patronyme Salvé (toujours la forme ancienne de Sauvé), lequel est en général apparu au Moyen-Age dans des églises où une personne chargée de diriger les chants (le chantre) entonnait le…Salve Régina, le ‘Je vous salue Marie’, en latin; le surnom lui aurait été collé en le surnommant avec le premier mot de la prière. Un homme, à n’en pas douter, qui n’avait aucune inquiétude sur son salut; en tous cas étymologiquement!

…comme c’est l’habitude dans les médias, ne vous ont pas forcément parlé de la racine de ce patronyme qui a si souvent tendu la perche à des jeux de mots faciles (1). La disparition de l’homme d’affaires (forcément au pluriel) donne l’occasion d’actualiser l’article à lui consacré en septembre 2015, à l’époque où les journaux prétendaient que la présidente du FMI avait joué les carpettes devant Bernard (re-1), quand l’ex-patron de l’OM jouait son va-tout (ou mettait tout sur le tapis, vous voyez…) pour exiger de la Justice le remboursement d’intérêts colossaux de la part du mandataire du Crédit ex-Lyonnais.

Voilà bien un nom à mettre dans la liste des patronymes difficiles à porter, pour des raisons de simple phonétique et surtout parce que l’on connait peu de mots qui se rapprochent de la consonance en question. Or, ‘tapie’ (nom commun avant d’être ‘propre’) ne peut avoir de rapport étymologique qu’avec l’autre et unique mot homonyme de la langue française, le…tapies, que l’on comprendra mieux en y ajoutant l’accent grave que lui donnent tous les parlers du Sud, alors autant prononcer « tapiès ».

Exemple : Antoni Tapiès, peintre et sculpteur catalan né à Barcelone (logique), est la version catalane et donc (encore) espagnole (l’eussiez-vous cru) de…Tapie. Or, dans le vocabulaire classique français, et encore actuellement pour certains spécialistes de l’architecture et de la décoration, le tapiès désigne très précisément un mur en pisé, formé à l’origine d’herbe et de boue séchées, compactées dans une structure de tiges ou de branches croisées. Et pourquoi a-t-on créé ce mot ? Pour désigner les constructions primitives et néanmoins primaires de tous les peuples qui n’avaient (et parfois n’ont toujours pas) d’autres matériaux pour s’abriter sur la planète. 

Techniquement parlant, comme il faut…’taper’ la brique de boue  tant qu’elle est humide pour qu’elle tienne dans les croisillons des branchages, cela s’appelle forcément du…’tapie’ (ouf, on a échappé au pire, ça aurait pu faire « Tapé ») ! Le terme a donc donné naissance, à une époque, à celui qui avait une maison en torchis, comparativement à d’autres formes de construction…Il n’empêche, cette technique est encore à la base de nombre de maisons dans des pays dits défavorisés. Bref, Tapiès, Tapias (v.o espagnole), et Tapie (v.f) ont pour origine ce mot très éloigné de l’objet sur lequel on s’essuie les pieds. 

Manque de chance, le tapis (de sol), lui, vient d’un mot grec quasi-homophone (tapès) qui désigne d’abord une…couverture…de lit, puis plus tard une couverture que l’on met par terre d’où le sens actuel, la fonction première de ce tapis étant d’abord d’isoler les pieds du froid et non pas de récurer vos semelles en agneau avant d’entrer dans l’appartement du voisin. Les premiers tapis avaient donc vraisemblablement une dimension ‘à l’orientale’ avant de rétrécir au passage dans les couloirs.

Pour être tout à fait complet et pour en finir avec les approximations sonores, passons également la brosse sur deux autres mots proches des Tapie, comme les Tapon – ceux qui font des petits pas (2) – puisque le terme évoque tout prosaïquement le tapon, le bouchon d’une barrique. Par un effet de métonymie (le nom de l’objet a été transféré sur celui qui le manipule), le tapon est devenu le surnom puis le métier de l’homme qui était chargé de contrôler les niveaux puis de sceller les tonneaux de vin…Rien à voir non plus avec les Tapin, ceux qui font les choses en..tapinois, c’est à dire en se cachant, bien que, dans certains endroits, celles qui font du tapin cherchent plutôt à se rendre bien visibles; mais c’est, évidemment, une toute autre histoire. Y compris donc étymologiquement.

  1. A l’époque, le quotidien ‘Libération’ avait titré au sujet de la liquidation financière de l’affaire du Crédit Lyonnais : « Christine Lagarde se prend les pieds dans le Tapie ». Mieux (ou pire) encore, à l’intérieur du journal : « Le magot caché sous Tapie ». Entre autres…
  2. Oui, ils font des petits pas tapon (pardon)

…à la Cour des Comptes (démissionnaire) qui a fait irruption à la Une des médias (surtout un) en tant que conseillère-secrétaire-accompagnatrice-maitre nageuse d’un chroniqueur-polémiste-non candidat (1) à la Présidence de la République. Le patronyme de l’une comme de l’autre (2), pour inhabituels qu’ils soient sur le strict plan des habitudes linguistiques nationales, ont en fait la même origine géographique, le nord de l’Afrique mais aussi le même contexte social, celui de la vaste diaspora juive séfarade d’Algérie.

A part la cohérence thématique dès lors éventuellement un peu plus claire sur le prénom, Knafo ne livre pas tout de suite les clés de son étymologie, puisqu’il semble que l’étymon (la toute-première forme du mot) vienne de la racine berbère ‘aknif’ qui évoque un vêtement, pour ne pas dire un sur-vêtement non pas au sens sportif mais pour qualifier un…revêtement plus global, style cape ou manteau.

Pour schématiser un peu l’évolution sonore du nom, la voyelle initiale ‘aknif’ étant peu accentuée, elle a peu à peu disparu dans la prononciation (et surtout l’écoute puis la compréhension des non-arabes); ensuite, sur la syllabe la plus forte de ‘knif’, on a commencé à (re)constituer des dérivés comme Knafo, Knafou voire Khenaffou en rajoutant une marque de suffixe pour notifier soit une filiation familiale, soit une fonction particulière.

Selon la région et l’époque, et donc le sens et le style que l’on donne à ce vêtement, un knafo pourrait donc tout aussi bien être le fabricant que le simple porteur d’un ‘burnous’, ce grand manteau traditionnel en laine épaisse, de couleur brune si l’on en croit la racine latine, avec une capuche si on suit l’image donnée en grec. Voilà pourquoi, vu par des Européens de passage par exemple, on a pu en faire un synonyme plus général de ‘cape’, parfois même de…peignoir, dont les formes restent certes globalement les mêmes mais les usages pas forcément transposables de la dune à la salle de bain ! 

L’autre Knafo connu en France (3) est un acteur que vous connaissez sans doute, un Sébastien dont les apparitions sont régulières dans des séries et téléfilms (« Les Cordier », « Julie Lescaut », « Joséphine, ange gardien »)…Mais seize ans de figurations pour l’un, seize clichés en un week-end pour l’autre: toutes le situations n’ont pas le même écho! Ce qui est sûr, c’est que ni l’un ni l’autre ne peuvent plus se cacher sous le manteau; sauf étymologiquement bien sûr…

  1. A la date de rédaction de cet article.
  2. Voir l’article sur Zemmour en tapant son nom dans le champ de recherche (septembre 2021)
  3. En Algérie, c’est un nom fréquent et célèbre dans toutes sortes d’affaires.

…participera à sa manière pour conserver sa mémoire. Mais, avant que son nom ne quitte rapidement la vôtre, l’étymologie du mot gardera peut-être un sens particulier pour vous, d’autant que le patronyme a quelques variantes un peu plus fréquentes que cette forme – le plus souvent – d’origine typiquement espagnole.

En effet, il y au moins deux provenances possibles pour ce surnom donné, il y a des siècles, à un ancêtre qui avait sans doute comme caractéristique physique un rapport avec la couleur noire. Car, tout comme les Blasquez et Blazquez, les Blasco sont une légère contraction de ‘belasco’, mot dérivé de la racine basque ‘bela’ qui signifie…noir, symbole fréquent du corbeau (*). 

Dans d’autres région plus au ‘nord’ (Pays de Loire, Centre France, Bretagne) la couleur est plutôt reliée à un costume, comme celui d’un juge ou d’un prêtre (la soutane) d’où une connotation d’autorité voire de rigueur associée à cette teinte. A défaut de plumes, les Blasco ont le plus souvent hérité d’une couleur de cheveux noirs…de jais, pour ne pas dire carrément corbeau. A part l’aspect de leur plumage, les ancêtres en question avaient peut-être également du nez, puisque, conjointement à celui de l’aigle, le bec du cordeau a traditionnellement servi à caricaturer la forme d’un nez…aquilin, l’oiseau n’étant par ailleurs pas très doué pour réussir à y garder un fromage.

Mais, dès qu’on s’éloigne tant soit peu de la zone d’influence hispanique tout autour de la Méditerranée, d’autres Blasko d’origine slave entrent en concurrence dès les côtes adriatiques de l’ex-Yougoslavie (logique), où il correspond cette fois à la version locale du prénom Blaise; et ce, sur une bande de territoire vertical qui remonte de la Croatie à la Pologne, sous les formes Blasko puis Blaskovic jusqu’à Blaskowski. Dans ce cas, tout comme le Ruy Blaise (Blas) du drame de Victor Hugo, le mot vient d’une racine grecque, puis latine, qui évoque le…bégaiement.

Mais revenons à nos corbeaux, qui ont non seulement de la plume étymologique mais aussi du génie en peinture, puisque, en vertu de cette ‘règle’ d’alternance possible entre un B et un V maintes fois illustrée dans ces pages, vous comprendrez aisément que certains Belasco ont été prononcés puis écrits Velasco, ce qui permet aisément aux Velasquez d’entrer dans le tableau! Raison de plus pour garder le portrait de Maxime en mémoire; au moins étymologiquement.

(*) un homonyme désigne également une voile (bela, comme le latin vela). Resterait à lui trouver ici une logique (ça ne peut pas être le surnom d’un marin, ni d’un fabricant de voiles)…

…un article précédent est à votre disposition dans les archives (septembre 2015). Pour mémoire, évidemment.