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…celui qu’a magistralement réussi le maire d’une commune de la région parisienne nommée Pantin, prétendant ainsi attirer l’attention des médias (surtout) et du peuple français (un peu) sur l’égalité hommes-femmes, non pardon femmes-hommes (je ne veux pas risquer des menaces).

Dans sa démarche, le fait est que l’élu pantinois de Seine-St-Denis a raison, au moins d’un point de vue linguistique (et uniquement): la langue française a pour habitude, en général et donc sauf exception, de féminiser ses mots masculins en y rajoutant un ‘e’, lointain héritage des déclinaisons latines utilisant le ‘a’ final (1). Théoriquement, Pantin fait bien Pantine au féminin, la question est de savoir si l’on peut ainsi changer le genre des noms propres -dont les noms de lieux- sans risque…

Outre les remarques pour le moins malicieuses de quelques chroniqueurs(euses) qui se sont demandé(e)s s’il faudra dire un jour Lyonne, Orléanes, Strasbourge ou Rouenne, pour ne citer que les plus corrects de certains jeux de mots, il se trouve, malheureusement pour notre premier magistrat de la ville, que le mot ‘pantine’ existe bel et bien: il désignait, en ancien-français, un écheveau de soie que l’on utilisait au 16ème siècle dans les ateliers de tissage. Malgré l’histoire ouvrière de ce secteur de la banlieue, cela ne veut pas dire pour autant que le nom vienne de cet ustensile, comme on s’y précipite parfois. 

Alors, d’où vient ce…pantin, si commun dans les dictionnaires pour désigner une marionnette (2), en tout cas une figurine peinte? Certes pas non plus de la forme en carton dont on agite les membres en tirant sur les fils (quelle image pour un mot qui a également pris le sens d’une personne que l’on manipule ou qui change d’avis à volonté!). Aucune piste non plus dans le vocabulaire certes plus spécialisé de la…cuisine, l’adjectif ‘pantin’ qualifiant une préparation cuite en dehors d’un moule, un gâteau ou un pâté par exemple.

Notre Pantin est en fait un ancien Panthin du 17è siècle, lui-même ré-orthographié d’après un Penthin, après Pentin de racine équivoque. Pour ce qui est du sens exact, on hésite autant que pour le sexe de la commune, certains penchant vers le sens de…pente (penti, pentini d’influence latine), d’autres pour une idée de marécages (penth, en celte; mais aussi ‘pantano’ en italien encore).

Après ça, on peut construire toutes les évolutions possibles sur l’évolution du mot, soit en suivant les règles de phonétique traditionnelle, soit en s’arrangeant avec une erreur d’écriture opportune au moment qui pose problème; et surtout en trouvant dans l’histoire du lieu l’élément qui peut justifier le nom final…En tous cas, l’initiative du belfortin (de naissance) Bertrand Kern, le maire qui sait tirer les ficelles des médias, a peut-être permis de planter une petite graine (3) dans l’esprit de certains. Y compris étymologiquement.

(1) Rosa, rosa, rosam…(la) rose, rose, rose.

(2) En anglais, un ‘puppet’, forcément ‘on a string’, qui deviendra célèbre en gagnant l’Eurovision en 1967 dans la voix de Sandy Shaw, « la chanteuse aux pieds nus » (scandale sans sandale). 

(3) L’un des sens possibles de son patronyme; en alsacien, ‘kern’ = graine.

…ceux ou celles dont la disparition ne soulève que peu d’intérêt médiatique (ou une simple mention à la fin du JT) parce qu’ils ont eu le malheur non seulement de décéder mais aussi de le faire le même jour (ou à quelques heures près) qu’une autre célébrité à la notoriété plus importante. Ce fut le cas ces dernières années de l’historien Jean d’Ormesson auquel les obsèques grandioses de Johnny Hallyday n’ont laissé que peu plus place; plus anciennement, de la disparition d’Edith Piaf suivie de peu de l’écrivain Jean Cocteau (*); ou plus récemment de la créatrice de mode anglaise Vivienne Westwood au moment où le Brésil (et la planète foot) pleurait la fin du roi Pelé (*).

Certes, il n’est pas question de comparer qui que ce soit, le rôle du défunt pape honoraire n’ayant rien à voir avec le coup de ciseau génial que venaient chercher les stars dans le salon de notre « prodige de la coiffure »; et sans doute seules les relations du Figaro du showbiz et quelques clientes fortunées garderont plus facilement sa mémoire que la majorité des Françaises de banlieue. Il n’empêche que le patronyme avait peut-être quelque chose de prémonitoire dans le style du coup de peigne de Jean-Marc… 

Même sil est difficile de trouver des éléments généalogiques complémentaires sur l’histoire de la famille, la forme du mot ne ment pas et indique très clairement une provenance grecque. L’orthographe initiale se rapprocherait d’ailleurs davantage du son ‘maniatès’ (mais prononcée ‘maniatis’ en langue moderne, d’où l’écriture) et c’est un dérivé du nom commun ‘mania’, soit en français…manie.

Rien de péjoratif dans cette habitude-là qui, à l’origine, n’est pas (encore) mauvaise; la manie grecque qualifie en effet une passion pour quelque chose, qui ne deviendra gênante (pour les autres) que lorsqu’elle évoluera en ‘folle passion’ puis en folie tout court! Dans la vie courante, on sait bien qu’il y a des manies – celles que l’on dit petites – qui n’ont pas de conséquences, comme les comportements dont se moquera souvent Molière dans ses pièces, qui consistent à un attachement exagéré à un sujet sans aucun recul (« Le dîner de cons », vous connaissez?). Là où les choses sont plus délicates, c’est quand le ‘maniéré’ devient un…’maniaque’ que l’on va parfois qualifier de dangereux.

Heureusement, dans l’Antiquité, nos amis Grecs avaient également opté pour cet ‘égarement de l’esprit’ beaucoup plus spirituel voire sacré, qui pouvait se manifester par des actes bizarres, une agitation suspecte voire une démence incontrôlable. Et comme nos ancêtres athéniens ont toujours le mot pour détourner les choses, cette ‘folie’ (souvent des transes) avait forcément pris le sens d’intervention divine, ce que les romantiques nommeront ’inspiration’ ou ‘délire créateur’ et ce, quelle que soit la discipline artistique dans laquelle intervient la possession du génie…Ouf, sauvés; on est passé à un cheveu de l‘hystérie. En tous cas étymologiquement!

(*) Leur étymologie est disponible en tapant le nom dans le champ de recherche

…ou le cul entre deux chaises, celle de l’année qui finit et celle de l’année qui commence, telle est en effet la définition la plus fréquente que vous trouverez dans les résumés d’articles sur la mythologie des mois de l’année. Le premier de notre calendrier  dit ‘grégorien’ actuel (1), depuis le pape Grégoire à la fin du 16ème siècle, est en effet ce ‘janvier’ réputé comme la période la plus déprimante de l’année, que nous devons à un certain dieu Janus; l’adjectif composé sur son dos a donc fait ‘januarius’ (soit januaire, comme on dira plus tard temporairement brumaire, vendémiaire, etc). 

Et comme il n’y avait pas véritablement de ‘u’ en latin, ‘janvarivs’ s’est logiquement réécrit sous la forme que l’on connait. Notez au passage que le son est globalement resté le même dans quasiment toutes les langues et tous les dialectes, une fois prises en compte les habitudes de prononciation locales; la racine s’appuie sur ‘jan-‘ (ou ian- voire -en, ce qui revient au même), comme januar (allemand, norvégien, hongrois ou islandais), january (anglais), Janeiro (portugais et donc, forcément, brésilien) ou encore ‘gen-‘ comme gennaio (italien) ou enero (espagnol) après la chute d’un ‘j’ initial encore présent dans un ‘jenvier’ français médiéval.

Même du côté de l’Asie en Azerbaïdjan et en Ouzbékistan (yanvar), ou en Afrique avec le swahili (januari) et le zoulou (januwari), la planète a hérité de la culture romaine qui employait un mot…grec, évidemment. D’ailleurs à Athènes, avant de s’appeler ‘ianouarios’, janvier se disait ‘posédeion’, sous l’autorité donc du dieu des mers. Quant à notre Janus ultérieur, il est souvent gratifié d’un masque symbolique pour exprimer cette double-face d’un être qui accompagne le ‘switch’ entre les deux époques: on tourne le dos à l’an passé, et bonjour l’année nouvelle…En fait, ce n’est pas tout à fait ça.

Le loulou était principalement concerné par l’idée de changement et/ou de transition (vous suivez l’idée); qui dit transition dit éventuellement passage, aussi bien au figuré qu’au propre, ce qui était bien à l’origine le cas de notre personnage; en effet, Janus n’avait rien d’un masque recto-verso style ‘commedia dell’arte’ mais habitait un temple…à deux portes (2)! En effet, la tradition voulait que les prêtres ne sortent jamais par l’entrée (et réciproquement) sous peine de mauvais présage (la régression), d’où cette idée de sortie vers une nouvelle époque, si possible en faisant des (bons) choix: tel est le sens de nos ‘résolutions’ modernes!

En tous cas, ce Janvier a quelque chose d’un peu désagréable: c’est que, après les festivités de Noël et de la St-Sylvestre, il nous ramène et éventuellement nous prépare au mois du froid et des fièvres (fiévrier!); dans le calendrier républicain, il s’appelait d’ailleurs à la fois nivôse et ventôse (la neige et le vent). Au contraire, il a un aspect très positif (pour un article sur l’étymologie), c’est qu’il peut servir à la fois de début et de fin…avec tous les voeux qui s’y rattachent!

(1) Dans l’Antiquité, les Romains, qui n’avaient que dix mois dans leur année, commençaient en fait en ‘mars’ (le troisième pour nous, donc) ce qui explique pourquoi sept-embre était bien le sept-ième, oct-obre le huitième (octante), nov-embre le neuvième (nonante) et déc-embre le dix-ième, des noms actuellement tout à fait décalés avec la numérotation actuelle!

(2) Le vocabulaire anglo-saxon a conservé aujourd’hui encore l’idée de porte dans le mot formé sur la même racine en ‘janitor’, qui traduit aussi bien le ‘portier’ français qu’un gardien (des portes de la boite de nuit) ou un concierge (qui surveille les mouvements de la porte de l’immeuble)