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…n’auront pas besoin de beaucoup d’explications pour estimer à quel point son dessin à la Une était devenu l’indispensable signal de la nouvelle édition quotidienne. Ce 31 mars 2021, ce fils de…dessinateur (industriel) a livré son dernier opus, après de nombreuses années de collaboration. Alors, forcément, on peut dire que du Plantu, il y en a plein des archives…

Plantu est en fait une ‘apocope’ (ça fait bien en début d’article), c’est-à-dire la forme abrégée d’un mot dont la fin a été supprimée pour des raisons de facilité de prononciation (ou de rime suspecte, ce qui n’est pas le cas ici), ou plus communément, simplement pour faire gentil voire affectueux (Philou pour Philippe, Mado pour Madeleine, Domi pour Dominique). Plantu est donc une version courte de…Plantureux, patronyme parfois mentionné dans les médias à son sujet. 

Pour une fois, le nom propre suit assez fidèlement le sens commun, à savoir non pas une histoire de plantes mais de plénitude, terme qu’il faut prendre au niveau le plus matériel possible; il n’est donc pas question non plus de sérénité ou de tranquillité mais bien de quelque chose de plein, comme on pourrait le dire d’un réservoir à essence ou de la panse d’un gourmand.

Car, si on remonte à l’adjectif latin qui est à l’origine de ce remplissage (‘plenus’), on s’aperçoit qu’il s’agit d’abord de quantité qui garnit aussi bien un coffre à bijoux, une cache d’armes ou le mobilier d’une maison bien équipée. Puis, par extension, on commence à parler de caractéristiques humaines ou animales, comme un estomac bien plein ou…une vache ‘enceinte’ (on utilise encore l’adjectif pour distinguer la gestation d’une femelle ou d’une femme!).

Comme souvent, c’est à la fin de l’Empire Romain que le mot latin commence à devenir ‘vulgaire’ (c’est-à-dire commun, pas grossier) en s’allongeant en ‘plenteus’ puis ‘planteus’, juste avant le Moyen-Age. Beaucoup de linguistes pensent qu’il y a à ce moment-là une attraction avec ‘heureux’, d’où ce plein-heureux devenu plant-(he)ureux. Car, dans la France paysanne de l’époque, ce qui remplit les buffets puis le ventre de nos ancêtres, c’est la nourriture tirée des récoltes, autrement dit un symbole d’abondance, de richesse dans les productions agricoles.

Dès lors, pendant plusieurs siècles, le sous-entendu sera systématique: en matière de plantureux (-se), il sera question avant tout de la terre, et donc d’une bonne terre, suffisamment fertile pour remplir à saturation les réserves…On n’est pas certain qu’il y ait une relation -directe- de cause à effet, mais c’est peut-être pour cela qu’au 19ème siècle, le plantureux va monter d’un étage, depuis l’estomac boursouflé des riches bourgeois vers la masse généreuse des poitrines féminines (ou de leurs hanches) pour désigner des femmes…bien plantées.

D’une certaine façon, et bien que la ligne du trait à la Plantu soit plutôt fine, la carrière de notre Jean aura été véritablement plantureuse; mais en tous les cas, c’est maintenant le journal qui va devoir trouver un plan(t) B pour nourrie sa Une. Y compris étymologiquement!

NB: Avec un autre suffixe que les Plantureux, principalement implantés en Centre-Bretagne et Val-de-Loire, on trouve des Planturaux (Planturault) ou Plantivaud (Plantivault) en Poitou et Limousin.

…de l’un dernier des dinosaures de l’audio-visuel français, en tous cas comme présentateur d’émissions de divertissement. Après un délicat problème de santé, le miraculé (c’est lui qui le dit), qui fêtera bientôt ses 80 ans (dont presque soixante de carrière), revient donc marquer de son empreinte les dimanches après-midi de France 2. Y compris étymologiquement!

En effet, le Drucker descend non seulement de Normandie (même pour…’monter’ à Paris) mais également d’une racine historiquement et typiquement germaine. Car certaines branches de la famille (linguistique) sont certes arrivées en traversant le pont du Rhin pour pousser jusqu’en (future) Ile-de-France, mais la majorité des ancêtres de ce nom se trouvaient dans les bateaux vikings qui sont venus (déjà!) débarquer sur nos plages vers le 10ème siècle.

Il s’agit donc d’un druck-er, résultat d’une composition entre une racine et un suffixe de métier marqué par la terminaison ‘-er’, comme de très nombreux cas non seulement en saxon (allemand et anglais réunis) mais aussi en français, parfois enrichis d’un ‘i’ (-ier) si besoin technique. Bref, celui qui est ‘druck’ est quelqu’un qui fait forcément grosse ou grande impression puisqu’il s’agit du nom donné à un imprimeur, que les dictionnaires élémentaires qualifient souvent de ‘patronyme juif’ (1) car souvent portés par des travailleurs d’origine ashkénaze (de l’Est de l’Europe).

Egalement diffusé sous la forme de quelques variantes (Druker plus au sud de la Germanie), ou Drukker (en zone néerlandaise), voilà un nom que l’on peut considérer comme une sorte d’onomatopée, un mot qui exprime un son. Bon d’accord, à l’origine, c’est-à-dire chez les Romains, l’idée d’imprimer se dit…’imprimere’ (c’est difficile, le latin ?) et concerne une simple trace laissée quelque part, que ce soit celle d’un pas dans la poussière ou dans la neige, ou celle d’une lame dans la peau. Donc plutôt ‘soft’ comme bruit, en tous cas pour l’instant.

C’est grâce à (ou à cause de ?) nos Germains que le mot ou son équivalent vont prendre un peu plus de force, pour ne pas dire de violence parfois, comme chez les Anglais qui vont s’appuyer de tout leur poids sur le ‘p’ pour en faire l’accent tonique de leur verbe ‘to print’, en l’accentuant encore quand il s’agit d’un coup d’impression (pour une marque ou un cachet) avec ‘to stamp’, le geste qui va devenir, par exemple, celui non pas de la pression (avant invention de l’auto-collant) mais de la frappe sur le timbre pour qu’il colle bien à l’enveloppe.

L’idée sera reprise et déclinée ailleurs en Europe par plusieurs pays, dont l’italien ‘stampare’, le roumain ‘tipari’ (cette fois, c’est le ’t’ qui a avalé le ’s’), voire le russe -pour une fois- ‘pitchatet’ (2), toujours des sons qui traduisent une certaine puissance, même s’ils n’ont pas tous la même racine…Mais c’est ainsi qu’on retrouve notre ‘drucker’ ou mieux ‘buchdrucker’, soit littéralement celui qui presse un livre (quelque chose comme ‘book printer’).

Or, l’image ne peut pas être plus claire: depuis l’invention des caractères métalliques mobiles par le barbu de Mayence, on sait qu’il faut composer un cadre et le recouvrir d’un support avant de le passer sous une presse (3) afin de faire pénétrer l’encre dans le papier, effort mécanique dont se passe largement aujourd’hui votre ‘imprimante’ à jet d’encre (a-fortiori laser) qui ne subit plus que la contrainte de mise à jour de votre logiciel de traitement de texte.

Je ne voudrais pas vous donner…l’impression d’être ‘lourd’ (pléonasme, donc), mais, avec sa bonne mine, notre Michel va sûrement reprendre sa place au Panthéon des personnalités préférées des Français, puisque son prénom, d’origine hébraïque (mi-kha-El), qualifie celui qui est comme (semblable à) Dieu. De quoi forcément continuer à faire bonne impression. J’espère que vous avez imprimé…

  1. A votre avis, Johannes Gutenberg…
  2. Essai de transcription vocale du cyrillique!
  3. Le terme restera, même après l’invention des…rotatives.

…d’entrer dans un ‘vaccinodrome’. Au-delà de la fonction objective de prévention sanitaire, c’est probablement le nom du lieu lui-même qui a visiblement écorché pendant longtemps la bouche des hommes politiques ou de certains journalistes. Le mot a en effet une résonance vulgaire, pour ne pas dire funeste puisque le dernier ‘vélodrome’ est connu, en dehors du stade de Marseille, pour une rafle massive pendant l’été 1942 (bien que nommé Vel d’Hiv, vélodrome d’hiver). Or, pour la course contre le virus, on ne peut pas trouver mieux, y compris étymologiquement.

Petit préalable rapide et sans doute évident pour vous, il y a deux éléments dans vaccino-drome, le premier faisant référence à la vaccine, la forme bénigne de la variole transmise à l’homme par la vache (en latin, ’vacca’ d’où le mot); vaccine, comme protéine ou pénicilline (pour d’autres raisons) a écopé du même suffixe du domaine scientifique que vous retrouvez dans des centaines de mots du dictionnaire des maladies ou du répertoire des médicaments (1).

Le second élément n’est, lui, pas un suffixe même si on va le retrouver en composition dans de nombreux termes, et surtout il est de provenance nettement moins transparente. Il s’agit en fait du futur (très) irrégulier du verbe grec qui signifie courir, dont d’ailleurs aucun des temps de la conjugaison n’a la même racine! (un peu comme en français : être, je suis, je fus, j’ai été, etc…). Bref, à Athènes, parallèlement à courir -physiquement- dans ou sur un stade (2), le mot qualifie également la course du soleil dans le ciel ou, au figuré, la course…au pouvoir.

Un ‘drome’, c’est donc l’action de se mouvoir rapidement, et pas seulement à la force des jambes, sauf en ce qui concerne les chevaux (on ne dit pas les pattes) et surtout à l’époque des Romains qui vont faire rouler des chars sur un hippo-(cheval) -drome (course) encore contenu dans un stade en pleine ville et non pas sur une pelouse anglaise de banlieue; alors que les Grecs, eux, préféraient les cynodromes, d’après la racine ‘cyno-‘ qui signifie chien (3), et particulièrement de la race de ces coureurs que nous appelons aujourd’hui lévriers (4).

Après les animaux, on fera donc courir des cyclistes (le-dit vélodrome), mais aussi des voitures (un autodrome, nom un peu ringardisé des circuits automobiles), des avions (aérodrome, qui désigne le tarmac et non l’aéro-port, la station commerciale) et même des fusées (en Russie, le pas de tir se dit cosmodrome, la course aux étoiles). Moins large mais tout aussi rectiligne, vous pouvez avoir les boules pour aller au boulodrome, qui n’est pas le trajet pour aller au boulot mais la place où vous jouez à la pétanque.

Ajoutons-y quelques autres vocables plus rares mais pas moins originaux, comme un…baisodrome passé de mode mais hérité de la libération sexuelle des années 1970 et dont vous trouverez bien tout seuls la spécialité; mais je vous ai gardé également le syndrome (syn-drome), littéralement ce qui va avec (syn-, en grec) la maladie, autrement dit ce qui réunit pusieurs…symptômes. Les adeptes de mots croisés ou jeux télévisés connaissent bien les palindromes, les mots qui peuvent se lire dans un sens comme dans l’autre car le regard court (-drome) en aller-retour (palin-), comme kayak, radar ou Laval.

Je vous ai gardé pour la fin le catadrome, que vous allez peut-être découvrir sauf si vous êtes déjà au bout de la ligne, puisqu’il s’agit d’un poisson connu des pêcheurs. Son nom est éloquent (si, si!) : en grec toujours, ‘cata-‘ évoque quelque chose qui descend ou qui tombe (une catalepsie, c’est une paralysie qui se jette sur vos muscles; une catastrophe, c’est un événement qui vous tombe sur la gueule sans que vous vous y attendiez, etc). Et si de nombreux poissons sont catadromes, c’est que leur course dans la rivière descend (cata-) le courant pour aller se reproduire en mer. Un peu comme nos concitoyens qu’il faudra donc forcément persuader de descendre massivement au stade pour se faire vacciner!

(1) Sauf pour la pangoline, qui n’est pas le virus du pangolin mais…sa femelle.

(2) A l’origine, un stade n’est que la mesure de distance de la piste sur laquelle couraient les athlètes (un peu moins de 200 mètres), puis le site de la piste elle-même, puis le ou les gradins et dépendances pour accueillir les spectateurs.

(3) Même racine que cynégétique, ‘l’art de la chasse au gibier avec des chiens’, puis, de façon plus générale, la science canine.

(4) A l’origine aussi, ce sont en fait des ‘liévriers’, des coureurs derrière un leurre de lièvre (mais c’est pas de la tarte à dire, d’où la chute du premier ‘i’); vous pouvez aussi leur mettre un lapin, mais lapiniers, c’est moins classe, surtout s’ils sont afghans…

Le héros du moment est sans conteste un homme qui a attrapé depuis longtemps le virus des podiums et des victoires en ski. Pour ses trente ans, le sportif, devenu le 9ème le plus titré au monde, s’est adjugé la première place du classement général de la Coupe du Monde, près d’un quart de siècle après son collègue Luc Alphand (c’est moins que Marie Myriam attendant d’être délivrée de l’Eurovision, mais quand même…). Déjà forcément remarqué lors de précédentes victoires, il est dans les archives depuis 2019. Profitez-en pour taper son nom dans le champ de recherche et vous faire une idée de sa palette de talents…y compris étymologiquement !

…la parole du Professeur et chef du service de néphrologie de l’hôpital La Salpétrière à Paris est l’une des plus pugnaces. ‘Bon client’ des émissions de télévision, l’homme va directement au coeur du sujet pour faire jaillir la lumière sur certains aspects de la crise sanitaire. Peut-être même étymologiquement…

Sans trop de surprise, Deray se compose de l’article indéfini (‘de’, ou ‘des’ dans une première version) suivi d’un mot d’ancien-français, en tous cas de son orthographe puisqu’il s’agit en fait du nom pas si commun que ça, ‘rai’. Une fois confirmé qu’il n’y a aucun rapport avec son homonyme arabe ‘raï’* (le style musical d’origine algérienne popularisé en France dans les années 90 par le chanteur Khaled), les de-ray viennent donc d’un endroit où il y avait un rai, ou une raie (pas le poisson, une rayure), bref un…rayon de quelque chose. 

En effet, ‘rai’ est le substantif tout à fait régulier (mais peu utilisé dans le langage courant où il fait un peu précieux, sauf dans des parlers plus techniques, scientifiques ou mathématiques) issu du verbe…rayer, c’est-à-dire tirer un rai, une trait ou une ligne aussi droite qu’un rayon de lumière, rayon étant le diminutif de rai (écrit justement ray) avec un suffixe habituel en -on.

Physiquement, un rayon, avant d’être un éclat de soleil, représente ce qui relie un point central à la périphérie, d’où les rayons d’une roue, aujourd’hui principalement de vélo. Du coup, mettre un obstacle dans les rayons d’un objet ou d’une situation va s’appeler enrayer (la propagation d’un virus,  par exemple), avec l’idée supplémentaire de quelque chose qui surgit soudainement ou rapidement.

C’est ainsi que le rayon lumineux ou le bâton dans les roues va se également se transposer dans la nature dans l’image de quelque chose qui jaillit, comme un jet d’eau sous pression. En Poitou aussi bien qu’en Lyonnais, les rais ou les rayaux vont donc caractériser des lieux où se manifeste une source, faisant ainsi jaillir dans l’état-civil les Deray ou Desrayaud.

C’est d’ailleurs le nom ‘réel’ du cinéaste homonyme de notre professeur de médecine, le réalisateur de ‘la Piscine’ et autres blockbusters menés par Delon ou Belmondo pendant des décennies s’appelant en fait Jacques Desrayaud, des-ray-aud portant un suffixe très probablement issu du Limousin. Finalement, un nom idéal pour faire jaillir la vérité sans s’arrêter à la surface des choses, y compris donc étymologiquement!

(*) L’appellation viendrait d’un terme d’arabe classique évoquant un avis ou une opinion.