Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…ou plutôt son bec dans un certain nombre de domaines puisque son terrain d’action(s) – la Transition Ecologique et la Cohésion des Territoires – va l’amener à picorer des informations de tous côtés. Vous avez déjà compris que son patronyme vient d’une variante du mot ‘bec’; mais ce qui ne vient pas forcément à l’esprit (donc à la bouche) immédiatement, c’est le nombre de sens que cet appendice a pu donner chez les humains…

A l’origine, il y a un terme de latin ordinaire qui est ‘beccus’, devenu de façon très attendue ‘bec’ en français; la chose désigne évidemment le ‘nez’ des oiseaux qui leur sert de bouche, d’où l’équivoque permanente: au fil des siècles, le bec des volatiles est d’abord une onomatopée, ainsi baptisé sans doute parce qu’il faisait un bruit à peu près similaire en tapant sur un tronc ou sur un objet (bek, pek, pik), explication basique mais les linguistes n’en voient pas d’autre.

Or, cet outil naturel étant localisé à la place du nez des humains qui, eux, bénéficient d’un orifice inférieur appelé bouche, il prend alors le sens d’organe de la dégustation: à l’époque de Molière, les Dubec(q) et surtout les Bonbec(q) désignaient de gros mangeurs ou, parfois, des gastronomes, des gens qui savaient ‘goûter du bec’ c’est-à-dire des gourmets. C’est évidemment le sens qu’on a gardé pour les oiseaux qui donnent la bec-quée à leurs petits (ils leur donnent à manger avec le nez, quoi).  

Mais comme la bouche de l’homme (ou de la femme) ne fait pas que se remplir le bec, et peut émettre un certain nombre de sons, le mot va prendre le sens figuré de ‘moulin à paroles’ d’où le surnom de gens bavards, « qui ouvrent leur bec -trop- souvent ». Mieux (ou pire) encore: non seulement ces bavards font du bruit mais en plus ils sont médisants…

On va donc, selon les régions et les habitudes du patois local, les gratifier de Béchard, Béchier, Béchot ou encore (entre autres) Béchu; et jusque dans le parler breton où un ‘Becam’ (beg-kamm en v.o) ira jusqu’à désigner un homme qui a la bouche de travers, signe qui sera pendant longtemps assimilé à une intervention du diable, comme grosso-modo tous les handicaps ainsi interprétés par nos ancêtres. Les dérivés composés n’échappent pas à la même veine, comme les Beccavin (becs à vin) forcément ivrognes; au contraire des heureux ‘bec-à-miel’ (pour des raisons de douceurs sucrées réelles ou de paroles gentilles) qui deviendront des Becamel puis…Béchamel, tout cela reste donc dans la même sauce.

Alors, Béchu (ou Béchut, mais aussi Béchou) marque peut-être quelque chose de plus concret et fidèle au premier sens: dans le Nord de la France – et également en région wallonne – le nom s’applique à quelqu’un qui a un nez long ou en tous cas pointu, caractéristique physique pas forcément exagérée mais immédiatement remarquée par nos contemporains qui s’extasient (ou pas) sur ‘le nez en trompette’ des nouveaux-nés (après, ils n’osent plus le dire).

Ce qui n’exclut pas quand même le qualificatif d’une personne qui ne peut pas s’arrêter de parler ou qui a un avis sur tout. Pour terminer, ce n’est pas préjuger du discours de notre ministre ni des équipes féminines qui l’accompagnent que de signaler que, comme d’habitude hélas, la tradition patriarcale (et donc machiste) a mis dans le bec du vocabulaire français deux noms, un commun et l’autre pas…

D’une part, le petit oiseau limicole affublé d’un long bec (*) va forcément prendre le nom de…’bécasse’; et la fille que tout le monde connait dans les histoires et qui dit n’importe quoi (ou qui a un langage que personne ne comprend à Paris, le breton!) sera donc baptisée…Bécassine! Ce qui se passe de commentaires, sauf étymologiquement bien sûr.

(*) On ne parle pas ici de cigognes…

…le Tour de France peut désormais s’élancer hors des frontières hexagonales; la ville de départ de cette année 2022 aura d’ailleurs montré à quel point le Danemark est le pays-roi de la petite reine et ses sujets des supporters chaleureux des forçats du kilomètre. Seul petit bémol à cet enthousiasme cycliste, le choix d’une capitale totalement dédiée aux…bateaux, au moins étymologiquement.

Le mot est l’occasion d’un petit récapitulatif (facile) de quelques variations linguistiques que les plus avertis auront déjà analysées: dans ‘Copenhague’, il y a ‘copen’+ ‘hague’, en tous cas dans une orthographe française qui n’explique pas grand-chose en l’occurence puisque le mot originel vient de deux termes de l’ancien répertoire scandinave (of course) qui ont évolué au fil du temps selon le dialecte (danois, norvégien), passant de ‘kov’ à ‘kop’ et ‘kob’ pour la première partie, et de ‘hofn’ à ‘hafn’ puis ‘hav(e)n’ pour la seconde.

Vous avez sûrement déjà lu quelque part que Copen-hague, ou Kopen-hagen (en allemand) et Koben-havn (en danois) décrit le statut de l’ancien village de pécheurs devenu un « port (haven) de marchands (koben)». La toute-première forme, dans une ancienne langue du Nord commune appelée le norrois, s’écrivait d’ailleurs ‘Kopmannaehafn’ (1), le ’kopmann’ du début définissant précisément un ‘homme qui achète’, c’est-à-dire non pas un client mais bien un acheteur, ce que l’on appelle aujourd’hui un négociant ou un grossiste (2).

Le français Copenhague se rapproche donc (pour une fois) de l’anglais Copenhagen, ce qui n’empêche pas les Britanniques d’avoir conservé également l’ancienne forme pour leur ‘Newhaven’, ville du Sussex régulièrement reliée (par ferry) à Dieppe et dont le nom signifie donc ‘le nouveau port’. Pour boucler la boucle, l’équivalent parfait en danois ‘Nyhavn’ représente une partie du port de Copenhague, pour des raisons que vous saurez trouver tout seuls (3).

Notez bien que La Hague française (la ville ‘nucléaire’ de la Manche) n’a rien à voir avec un port et pour cause, puisqu’elle se situe…au milieu de prairies et que le mot vient cette fois d’un presque homonyme ‘haga’ (hague en norvégien!) qui évoque précisément un enclos ou un pâturage clôturé. De fait, on retrouve cette fois exactement la même racine en néerlandais pour désigner la ville (également dans les terres) de ‘Den Haag’ soit en français…La Haye.

Et pourtant il existe une ‘vraie’ Hague dans notre pays, au sens du port danois: on va alors garder le son initial de ‘haven’ qui va devenir ‘havre’, le port-refuge que l’on va gratifier d’un accent circonflexe pour en faire l’abri-côtier où l’on se réfugie pour bénéficier d’un moment de paix quand la mer est mauvaise. Le Havre est donc à l’origine un hâvre, dont les Anglais feront un mix avec la forme suédoise ‘hamn’ tout en transformant le ‘v’ du français pour arriver à harbour…

Un peu trop ‘intello’ pour rester dans la langue ordinaire, ce hâvre laissera la place à la racine latine (pas plus distinguée, d’ailleurs) de ‘portum’ pour construire notre port, quasi-identique dans toute la Méditerranée avec le ‘puerto’ espagnol ou le ‘porto’…italien. Et clin d’oeil final, deux autres pays frères utilisent le même mot que le français: la Russie et l’Ukraine! En tous cas étymologiquement. 

(1) En danois ‘Kobmandshavn’

(2) On retrouve la même racine -et le même sens- dans le néerlandais ‘koper’ (ou mieux ’verkoper’)

(3) Si vous aviez encore des doutes sur la définition de ‘haven’, le ‘port où on va prendre l’air’ (décoller) se dit ‘lufthaven’; soit air-port en anglais, et…aéro-port en français!

…a de quoi crier cocorico puisqu’il va pouvoir veiller sur les oeufs de la Nation – je veux dire certaines richesses publiques – puisque c’est exactement la signification de son nom. Aucun jeu de mots ni sous-entendu donc dans cette définition, puisqu’il faut prendre à la racine de la plume l’histoire d’un patronyme dont les premiers sens n’étaient pas forcément très positifs, en tous cas étymologiquement.

Le mot est d’inspiration très ‘Centre France’ tout comme les très voisins Coquereau, d’un point de vue géographique aussi bien que linguistique puisqu’il s’agit de la variante de Coquerel pour le Val de Loire, avec une transformation du ‘L’ final en voyelle(s). Tout comme les Coqueron (du Nord), Coqueret, Coquardon, et même Coquard (une histoire d’oeuf au beurre noir, sans doute), il s’agit d’un déverbal (un mot inspiré par et formé sur un autre terme) de ‘coq’, volaille emblématique de la France pour des raisons variées mais qui tiennent toujours à des histoires de caractère que l’on prête au braillard des poulaillers.

Dès l’époque médiévale, un Coq (ou Lecoq) faisait souvent allusion à une personne dont le comportement pouvait faire penser à celui du volatile, et on n’y trouvait rien de franchement brillant à part les plumes qu’il nettoie régulièrement, ce qui donnera le mot (et le nom)…’coquet’ (*) pour qualifier quelqu’un qui aime les belles plumes et qui n’hésite pas à s’en servir pour séduire (les poulettes, évidemment). Parmi les autres qualités flatteuses qu’on attribuait à la bestiole, il y a la fierté (en général mal placée), la vanité (le mâle qui parade au milieu de ses femelles), le manque de discrétion (ça chante pour un rien dès cinq heures du matin), et l’agressivité (faut bien se limer les ergots de temps en temps).

Malheureusement, aucune trace (ou très peu) de ce qui peut se passer avec d’autres élevages car on ne trouve pas de sens d’éleveur de coqs (ou de poules) aux Coquerel. Paradoxalement, la seule qui échappe parfois au grillage est la famille Coquard (ou Coquart), dont certains ancêtres ont un rapport avec une…coquille, mais pas une coquille d’oeuf! Il s’agit alors d’une allusion à la coquille St-Jacques, et donc d’un surnom donné aux pèlerins de Compostelle, le -ard final n’ayant pas ici de valeur péjorative (pour une fois) mais une simple marque signalant la personne concernée par l’action, comme routard, pistard, etc.

Il y a quand même deux avatars de ‘coq’ qu’il convient de rajouter avant d’éteindre la lumière du poulailler, que l’on appelait autrefois la ‘coquerie’ (comme la bergerie, la porcherie, etc) ce qui donnera cette fois aux Coquery (normands) la fonction de propriétaires d’élevages de volailles. Idem pour les Cocherie qui n’ont rien à voir avec les cochons et qui ne sont qu’une orthographe voisine de Coquerie.

Le dernier coq intéressant est un ‘maitre-coq’, plus fréquemment appelé ‘maitre-queux’: en effet ce queux-ci (avec un ‘x’) n’a rien à voir avec la queue (avec un ‘e’), fût-ce celle d’un coq; d’abord, ce mot est masculin et ensuite il vient du verbe latin ‘coquere’ qui signifie cuire (ou cuisiner, si vous ne voulez pas faire outrage à votre…chef-cuisinier). D’ailleurs, au Moyen-Age, les Anglais plumeront une fois de plus notre vocabulaire pour en faire clairement leur verbe ‘to cook’, cuisiner! C’est également grâce au même verbe que vous faites cuire un ‘oeuf-coque’, c’est-à-dire ‘juste cuit’ et non pas évidemment un oeuf de coq (c’est la poule qui ne serait pas contente), et encore moins un oeuf avec une coque (vous en connaissez qui n’ont pas de coque, vous?); on devrait donc dire (et écrire) un ‘oeuf-coq’ comme le ‘maitre’, mais la chose devenait choquante pour l’esprit.

Quoi qu’il en soit, celui qui va devoir mettre tous ses oeufs dans le même (bon) panier, c’est un nouveau président qui finalement aurait plutôt dû être élu au…perchoir, ou presque!

(*) Voir aussi l’article sur Cocteau (Jean) et Coquard (Bryan)!