Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…et quelques autres lieux (le plus souvent) découverts par un fait-divers d’actualité inattendu, voici, dans la série « C’est quoi-c’est où ce ‘bled’? (1) », un repaire de trafic de drogue supposément peu empêché par les autorités locales, le (presque) bien-nommé Canteleu…

La plupart d’entre vous auront déjà décrypté ce mot relativement transparent pour ceux qui s’intéressent à l’évolution des mots, d’autant qu’il existe en France non seulement de nombreux Canteleu mais aussi beaucoup d’autres endroits où des animaux ‘cantent’. Car, bien évidemment, il y a dans ce terme deux parties, cante+leu, la première étant une forme (plutôt…occitane) du verbe chanter (anciennement canter, comme dans cantate par exemple ou bel canto) et, là encore, la version archaïque du loup en leu, dont l’usage moderne ne reste plus que dans l’expression ‘à la queue leu leu’ (explicitement le loup à la queue du loup) pour décrire le déplacement d’une meute.

Il y avait, dans ce Canteleu normand (enregistré pendant quelques siècles sous le nom de ‘St Martin de Canteleu’, il ne faut pas trop tenter le diable), un site où venaient ‘chanter’ des loups, terme générique de l’époque pour dire hurler évidemment, la nomenclature des différents cris d’animaux n’ayant pas encore été clairement nommée et encore moins rédigée. Souvenir concret de la série de siècles pendant lesquels la population a décimé le canidé diabolique, une statue à l’entrée de la ville perpétue (et justifie) ce qui s’appelle, sans surprise, parfois ailleurs en France ‘Chanteloup(s)’, tout comme le nom du haras de chevaux local. 

Mais, puisqu’il n’est pas question de vraiment chanter (sans doute réservé à la classe supérieure humaine), le verbe va donc pouvoir s’appliquer à tout autre espèce qui fait du bruit avec les attributs accordés à l’espèce: on va donc trouver, entre autres, des Cantemerle (no comment), des Cantecocut ou Cantecoucou (idem; à quoi pensiez-vous?) ou encore, catégorie oiseaux, des Cantalauze, version complexe de Cantalaude soit là où chante l’alouette (cante-alauda, en latin); se colle aussi dans la liste le Cantejal ou Chantejal (gallus, le coq) et sa version féminine Chantegaline (gallina, la poule), sans oublier là encore le très transparent Canteperdrix…

Moins mélodieux sans doute sont les échos de la Cantereine ou Canteraine, soit le cri de ‘reine’, de raina, la grenouille en latin (la racine qui va donner rainette), ou ceux, répétitifs, du Cantegreil(h), le grillon. Il est probable qu’à l’époque et contrairement du 21ème siècle, hormis les hurlements effrayants, aucun résident débarqué d’une grande ville n’était venu se plaindre de la chanson du grillon le soir au crépuscule; mais on ne va pas hurler avec les loups, même pour des histoires de trafics. Sauf étymologiquement bien sûr!

(1) Pardon, une ville de plus de 13000 habitants (ceci expliquerait-il cela) ?

NB: Voir aussi (forcément) l’article sur Nicolas Canteloup (mars 2017) pour de nouvelles anecdotes!

Ce n’était malheureusement pas le choix spontané du champion du monde d’athlétisme 2017 sur 800 m; un problème de tendon compromettant sérieusement le compte à rebours de sa participation aux JO de Paris 2024; c’est donc à regret qu’il met un terme à sa carrière de haut niveau, après avoir valeureusement…bossé (1).

En leur temps, les journaux s’étaient abstenus de jeux de mots trop primaires (2) alors que, pour une fois, le mot aurait pu être utilisé sans réticence, le ‘bosse’ en question étant réellement et directement issu ‘d’une’ ancienne bosse. Mais, évidemment,  les caractéristiques physiques ne se transmettent pas davantage à travers les siècles que les valeurs (ou pas) morales, ni les traits de caractère. Après plus de cinquante générations, vous n’êtes pas redevable envers votre ancêtre si vous êtes blond alors qu’il s’appelait Leroux, si vous êtes nul en orthographe bien que petit-fils d’un Larousse ou si vous avez un casier judiciaire chargé sous un état-civil Lejuge, ou encore loin d’être un manuel tout en vous appelant Charpentier.

Tout ça pour dire que, visiblement, la seule bosse que peut avoir notre sportif est celle du chronomètre (pour les maths, je ne sais pas) bien que, étymologiquement, elle fasse bel et bien allusion à l’excroissance physique que devait supporter l’un de ses aïeux. Au Moyen-Age, période par ailleurs plus abondante qu’aujourd’hui en difformités de tous genres en raison d’un savoir médical plutôt sommaire, le Bosse désigne prosaïquement un bossu, dont le prototype deviendra célèbre dans la littérature avec la posture du chevalier de Lagardère créé par Paul Féval, idée copiée vingt-ans plus tard (3) d’après le Quasimodo de Victor (Hugo).

En ces temps de cathédrales, l’adjectif bossu ou le nom commun bosse sont utilisés indifféremment pour surnommer un homme…bosselé. Bien sûr, il s’agit le plus souvent d’une déformation du dos (ou de la poitrine) mettant en évidence un relatif handicap de mobilité; mais, à l’origine, cela concerne toute ecchymose qui se forme après un coup violent, plus visible il est vrai sur des parties dures du corps, la bosse du chameau (ou du dromadaire) n’étant alors qu’une comparaison exagérée par rapport au gonflement d’une peau remplie de lymphe ou de sang chez l’humain, mais de graisse (et non pas d’eau!) chez l’animal. Etymologiquement, la bosse est consécutive à un verbe d’ancien-français lui-même issu de l’ancien verbe germanique ‘botan’ qui signifiait frapper. Logique…

C’est cette racine ‘bot’ qui se transformera, d’abord graphiquement puis phonétiquement, en ‘bos(se)’ puis ’bout’, l’unique mot de notre langue qui conservera le son (et le sens) d’origine étant le verbe – lui aussi ancien et maintenant désuet – ’bouter’, dont la seule utilité est désormais de pouvoir faire dire à Jeanne d’Arc qu’elle «a bouté les Anglais hors de France», c’est-à-dire qu’elle leur a ca…bossé le casque et le bouclier jusqu’à leur faire regretter d’avoir quitté leurs camps de la jungle de Calais.

Rien de bien grave donc dans cette histoire de bosse, laquelle, à une époque plus moderne, aurait pu faire penser d’abord à un gondolement sur la route du Tour de France (demandez aux coureurs) ou à un obstacle pervers d’un parcours de ski spécialement élaboré pour fabriquer des retraités olympiques en fauteuil roulant…Je ne fais donc que mentionner pour mémoire deux autres provenances linguistiques (rares mais toujours possibles sur un mal…entendu): dans les régions du Nord, quelques Bosse viennent de la francisation du germain ‘boso’, qui veut dire méchant ou mauvais, ce qui, de l’avis général, ne saurait être le cas de Pierre-Ambroise; à l’opposé géographique, la zone de langue d’oc compte d’autres Bosse sortis du bois (bos en gascon, que l’on retrouve plutôt sur des noms de lieux comme Cap de Bos), là encore peu nombreux d’un point de vue étymologique, et surtout moins probables.

Le véritable trésor de notre athlète est en fait son prénom Ambroise, lui aussi relativement rare (sauf à l’époque médiévale, encore) mais très précieux puisqu’issu du grec ‘ambrotos’ qui signifie immortel, qualité des dieux de l’Olympe conférée par la consommation sans modération de deux breuvages sacrés dont justement…l’Ambroisie (si, si, avec majuscule) mais aussi le Nectar, littéralement ‘celui qui ne-c-tue pas, donc l’immortel (3). Le (pré)nom est donc parfaitement adapté à quelqu’un destiné à rouler…sa bosse dans le palmarès des immortels de son sport. Y compris étymologiquement!

Ps: à toutes fins utiles, le ‘boss’, le chef, n,’a rien à voir avec tout ça mais vient d’une racine néerlandaise qui veut dire patron; pas le directeur d’une start-up informatique évidemment, mais à l’origine un patron au sens ouvrier, plutôt contremaître ou chef de chantier. Piqué (comme souvent) par les Anglais au 18ème siècle, ce boss va devenir, dans un premier temps, un chef…de parti, puis un responsable dirigeant d’une société (voire, parfois, un dirigeant pas si responsable que ça; mais c’est une autre histoire).

(1) La véritable orthographe originelle (ouest-atlantique) du patronyme

(2) Astucieux «C’est lui le Bosse» (Libération)

(3) Contrairement à ce que l’on croit souvent, ‘le Bossu’ (roman) est largement postérieur à ‘Notre-Dame de Paris’, et littérairement et historiquement!

(4) Explication datant de l’époque romantique, et probablement un peu comme son époque…

…un nouvel aéroport international! En fait, pas du tout, puisque cette plate-forme est très officiellement le lieu de décollage et d’atterrissage de rares liaisons régulières vers Marrakech et Porto (Ryan Air) plus quelques vols-vacances, devenant en quelque sorte, au moins pour quelques jours de médiatisation, le « Roissy » de Châlons en Champagne.

Les 153 Vatriotes se retrouvent donc à la Une grâce (ou à cause) d’un Airbus manifestement rempli de passagers suspects, ou plutôt otages en la circonstance. Car, malgré sa localisation champenoise (disons, globalement et historiquement ‘parisienne’), le nom de la commune n’a rien de français ni même de gaulois. 

Il s’agit en fait d’une trace linguistique laissée par une ou plusieurs tribus de nos envahisseurs préférés venus de Germanie qui, entre les 5ème et 10ème siècles, ont traversé notre territoire en diagonale, disséminant ça et là le son de leurs parlers gutturaux.

Va-try est en l’occurrence la francisation bien atténuée de deux syllabes germaniques donc qui sont ‘whad’ + ‘hari’. L première évoque l’idée de preuve ou de gage, la seconde est plus fréquente et a un rapport avec l’armée ou le combat. Le tout, sans surprise dans le contexte de l’époque, a pu qualifier un lieu ou mieux une personne concernée par ces ‘concepts’, un trésor de guerre ou peut-être un ‘gage de guerre’ autrement dit un ou des…otages (!)

D’un point de vue linguistique (et pour simplifier), le ‘w’ va devenir notre ‘v’; le ‘d’ un peu sonore se muer en ’t’; le ‘r’, qui est une consonne très sonore, reste tel quel; et le ‘y’ final n’emprunte pas forcément au ‘i’ de ‘hari’ mais est la marque d’un suffixe ‘locatif’ (le lieu) traditionnel de la région parisienne au sens large (1).

Comme quoi, le hasard d’une escale, même particulière, fait parfois bien les choses, sauf peut-être d’un point de vue des otages eux-mêmes: en effet, à l’origine, un hôte-age désignait plutôt le lieu de rétention des personnes, leur logement. Et là, il parait que le hall de l’aéroport en question n’était pas forcément idéal, en tous cas étymologiquement… 

(1) …Roiss-y, Orl-y, Ivr-y, Gagn-y, Anthon-y, Bobign-y, Chois-y, jusqu’à Champign-y et des dizaines d’autres.

…au pied levé car, même pour un interim, il faut prendre le temps d’une enquête (sait-on jamais?). C’est ce qu’a fait le media d’investigation Mediapart, révélé à l’occasion que la ministre aurait reçu d’une entreprise des cadeaux (non déclarés) pendant sa période professionnelle de pharmacienne. Notre Normande de souche bretonne est donc obligée de sortir du bois, y compris étymologiquement!

Le patronyme de la dame est évidemment la réunion (avec un trait!) de deux noms de famille, et, bien que son nom de jeune fille soit Le Bodo, commençons donc par le plus…indispensable en la circonstance, Firmin.

Pour beaucoup, cette forme de prénom devenu un peu désuet évoque davantage un maitre d’hôtel en livrée tout droit sorti d’un hôtel particulier du 19ème siècle ou son collègue chargé de ‘chauffer’ le moteur de la De Dion Bouton…Or, ce firmin-là vient d’un adjectif latin qui a donné ‘af-firmer’ en français, autant dire ‘ferme’ en langage plus moderne.

Ferme sur ses positions d’un point de vue du caractère par exemple, mais à l’origine carrément assuré sur la terre…ferme pour évaluer la solidité d’un terrain par exemple; il est vrai que, rapidement, et comme en français, le latin a joué aussi bien sur la solidité matérielle que sur le côté af-firmé. Bref, tout cela nous tend une perche indispensable vers la désormais très nécessaire détermination de la ministre (ou de son président) à se justifier. 

N’allons pas jusqu’à exhumer un second sens de…rigueur (!) dans l’évolution du mot, notons simplement le petit clin d’oeil apporté par la forme typiquement bretonnante de ‘le bodo’, substantif ayant répandu particulièrement dans le Morbihan l’idée du ‘bot’ puis du ‘bod’, autrement dit un ‘bosquet’ en français, un bouquet d’arbres…Certains préfèrent rapprocher ce son d’une syllabe totalement homonyme mais qui évoque cette fois une demeure (en général, plutôt le Bot comme nom propre). Dans tous les cas, il faudra se mettre l’abri pour rester ‘droite dans ses bottes’ , y compris peut-être étymologiquement! 

On entretient sa notoriété comme on peut (et, manifestement, c’est difficile de se retenir au fil des années): certains deviennent de bons acteurs; d’autres de mauvais conducteurs, au point de se faire arrêter pour conduite en état d’ivresse, insulte à agent de la force publique (en 2012) ou encore accusation (non prouvée) d’agression sexuelle (en 2018) et enfin utilisation publique de langage oscène (2020-2023). Notre exemple du jour est un client de poids en la matière puisqu’il s’appelle Depardieu, un nom tellement familier sous sa forme contractée (enfin, si je puis dire…) qu’on ne pense pas même à son étymologie, pourtant évidente: dans Depardieu, il y a forcément ‘dieu’, mais au fait pourquoi?

Selon certains spécialistes, il était une (ancienne) fois un homme peu recommandable qui ne cessait de jurer «par Dieu», ou, comme on disait dans la langue classique, «de-par-Dieu». Notez bien que le Dieu en question possède alors une majuscule, car il s’agit bien du Créateur. Il serait donc plus correct de parler non pas de juron mais de blasphème…La différence? Le blasphème est une action considérée comme injurieuse à l’égard d’une divinité; le juron est l’utilisation d’une vulgarité qui ne fait pas forcément référence à un dieu. Du coup, et pour en finir, le juron est plutôt lancé ‘à la cantonade’, alors que l’injure peut être la même vulgarité, mais dirigée cette fois à destination d’une personne précise.

Bref, le grossier ancêtre ne cessait de s’exclamer ‘de-par-Dieu’, ce qui, une fois les trois mots fondus de l’expression fondus en un seul nom, fit perdre sa majuscule à Dieu et sa réputation au blasphémateur. Evidemment, ce patronyme n’est pas le seul exploiter si j’ose dire la présence divine, laquelle se manifeste parfois de façon très terrienne, comme dans ces champs et ces terrains insalubres de la région lyonnaise, vendus au début du 18è siècle à des ecclésiastiques qui en tirèrent ‘la part (de) Dieu’, terre de rapport qui profitera plus tard à la SNCF (*).

Malgré l’interdiction de l’Eglise, Dieu apparaît finalement assez souvent dans des jurons, délicatement crypté sous la forme de ‘bleu’, sans qu’on sache vraiment s’il y avait une volonté d’éviter le blasphème ou si l’on doit la déformation aux mâchonnements d’un accent régional. D’où finalement ceux qui jurent ‘par le sang de Dieu’, devenu Palsembleu! ‘Par le corps de Dieu’ sera abrégé en Corbleu! Par le mort de Dieu (sic) deviendra Morbleu! Ou encore ‘sacré Dieu’, déguisé dans le Sacrebleu cher à Tintin et à quelques québécois sans doute!

Dernier avatar encore plus inattendu car largement vidé de son sens originel, le très banal Pardi! provençal (littéralement: par-di-eu) ou Pardé dans certaines régions, devenu une simple marque d’évidence, alors qu’il s’agit bien d’un ancien blasphème lui aussi. Tout cela ne serait pas arrivé si l’aïeul depardiesque avait pris la même habitude que le philosophe Socrate qui, lui, ne jurait que ‘par le chien’, ce qui le mettait à l’abri de toute éventuelle colère de Zeus. Enfin…c’est ce que disent les manuels scolaires (ou plutôt universitaires) parce que, dans la réalité, il semble bien que la véritable expression du moustachu grec doivent se traduire par ‘par la chienne’ (éventuellement les chiennes), largement adressée et sans aucune surprise à la gent féminine.

Finalement, à des dizaines de siècles d’écart, on en revient peu ou prou aux mêmes situations. Nom de Dieu!