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…certains débats font rage (vraiment!) sur les plateaux tv, en cette époque d’accumulation d’affaires d’agressions sexuelles. L’une d’entre elles – et pas la dernière – met en cause le sénateur Joël Guerriau, accusé par sa victime d’une tentative de drogue pour obtenir des faveurs à l’insu du plein gré de la dame Josso. Ni d’origine italienne ni d’ailleurs, le mot est finalement très français, et surtout d’une étymologie surprenante…

La députée de Loire-Atlantique née à Guérande – même si, encore une fois, la ‘géolocalisation’ de naissance ne prouve rien a priori – porte en fait un patronyme très local, ou mieux régional; car sous cette apparence méditerranéenne se cache une forme de racine d’origine…celte récupérée par le latin de fin d’Empire qui possédait le surnom/prénom ‘Judocus’ (ou Judocius). 

Le mot s’appliquait à quelqu’un qui avait un jugement (1) donc une autorité de décision (au début, pas forcément juridique). La syllabe celte évoquait donc un commandant ou un chef, le tout dans un contexte de guerre ou de combat (what else?). Bref, au 7ème siècle, ce qualificatif devient célèbre via un saint breton nommé Judicaël, Judoce ou Jodoce en Armorique, transformé en Josse, Jossin, ou Jossot (orthographe officielle, avec un ’t’) dans les autres régions (2). 

Toutes ces variantes sont en fait des diminutifs, auxquels il faut rajouter des Joos (alsaciens), des Jousse et même des…Joisse (« au niveau de l’agression, c’est pas la joie ») (3); le plus surprenant est de trouver dans cette famille linguistique un certain…Jospin originaire du Nord comme l’est la souche étymologique de l’ex-premier ministre Lionel (et non pas le Cintegabelle de Haute-Garonne).

Impossible par ailleurs de ne pas jeter un (clin d’)oeil sur le prénom Sandrine qui, même s’il est parfois perçu comme populaire voire commun, a une ascendance on ne peut plus noble mais surtout inattendue: en effet, Sandrine (Cendrine, encore ‘pire’) n’a rien à voir avec une histoire de cendre, de sandre ou autres mais avec l’aphérèse (4) d’Alexandrine (alek-sandrine) soit le féminin d’Alexandre, dont le célèbre Grand fut le ‘booster’ à travers les siècles.

Or, Aleksandros, en grec, est formé d’un verbe et d’un nom commun; en fin, ‘andros’ renvoie à ce qui illustre l’homme avec un H soit la virilité (bof, là…); mais surtout le début est ‘alexein’ qui signifie…repousser, se défendre (pour protéger les siens ou soi-même). Comme quoi, le sénateur soupçonné eût mieux fait de se renseigner auparavant; au moins étymologiquement!

(1) Même racine que ‘judi-ciaire’, par exemple.

(2) Beaucoup de toponymes (noms de lieux) appelés Josse ou St-Josse, du Pas-de-Calais au Béarn!

(3) Forme anglo-saxonne du mot: Joyce, comme l’écrivain James, irlandais donc d’influence celte!

(4) La suppression du début du mot, voir le lexique en page d’accueil.

NB: Voir aussi en archives, avec une autre étymologie, l’homonyme Josse d’Arnaud Josserand, entraineur de volley (octobre 2011)

Publié le 20 novembre 2023 dans : Le mot du jourCommenter

…qui accompagne si discrètement son président de mari à la fin des années soixante-dix. Le retour à la Une de ce patronyme si…européen a suscité quelques questions; le fait est qu’il débouche sur des liens parfois surprenants: par exemple, Rosalynn Eleanor Smith Carter roule sur la même racine que Dan, sportif sujet d’une chronique en novembre 2015. Il suffit donc de taper, etc…

Mêmes anecdotes sur son nom de jeune fille, Smith :voir l’article sur son homonyme francophone Benjamin (août 2018)

…comme ceux des dernières tempêtes d’octobre, Aline, Bernard ou Céline (vous aviez déjà oublié?), mais le magistral coup de vent de ce début novembre s’appelle Ciaran et pose question à un certain nombre de personnes. Aucune confusion avec Cioran, le philosophe roumain du 20ème siècle (et d’ailleurs, que viendrait faire un patronyme dans la liste?), il s’agit en fait – sur le choix des météorologues anglais et irlandais – d’un ‘prénom-maison’ dans une langue ancienne des îles britanniques.

La langue en question est le gaëlique, en usage dans la zone écossaise, mannoise (de l’île de Man) et surtout irlandaise car c’est la région qui nous intéresse en l’occurence. Parmi les traditions onomastiques (des noms), il y a de nombreuses façons de nommer les humains, par leur lieu de résidence, leur métier, leurs qualités morales (ou pas) et souvent leurs caractéristiques physiques.

C’est le cas de ce ‘ciaran’, formé de deux racines (ciar-an) qui dépeignent une personne aux cheveux noirs ou au poil foncé. Tout comme on trouve, dans la même langue, des Bain ou Ban (blanc), des Glass (gris) ou des Russell (roux), les Ciaran se rapprochent des Donovan (un homme brun) et des Duncan (même couleur, mais pour un guerrier); sauf que Ciran semble plutôt s’attacher à un ‘petit bonhomme à l’air sombre’ (tout à fait la couleur qu’il faut pour notre tempête).

Dernier détail qui embête bien les journalistes, comme d’habitude: faut-il dire ‘siaran’ à la française en faisant normalement siffler le ‘c’ devant un ‘i’; ou plutôt s’en tenir à quelques échos en ‘kiaran’? C’est la seconde solution qui est la bonne, puisque c’est ainsi qu’il est prononcé – et adapté en anglais – avec Kieran (dites quierann), tout comme son équivalent féminin qui est Ciara (Kiera et non Chiara évidemment), y compris en breton d’Armorique où on le trouve en Kerne…

Ce prénom est très populaire en Irlande où il est popularisé par de nombreux artistes et personnalités, dont le compositeur de musiques de films Ciaran Brennan (brennan: l’homme de…la pluie) comme  « Le Dernier des Mohicans » (Michaël Mann, 1992). Apparemment, tous les Ecossais ne s’appellent pas Mac…ni les Irlandais O’…par contre, les Celtes du coin devaient repérer assez facilement un Cioran parmi le peuple, et pas qu’étymologiquement.

…l’entraineur de l’Olympique Lyonnais n’a pas fait ’grosso modo’ (1) dans le nombre de points de suture. L’origine du mot (et du bonhomme) ne font aucun doute sur la provenance italienne, mais cet adjectif, que l’on retrouve à peu près sous la même forme dans de nombreuses langues, est étonnamment variable: selon la situation, il peut signifier trois, quatre, voire cinq notions différentes.

A la base du ‘gros’, il y a du…gras, d’après l’adjectif latin ‘crassus’ (!) qui évoque quelque chose (ou quelqu’un) à tous les sens du terme. Cela peut donc être de la graisse animale, un morceau de viande épais, une planche de bois, la profondeur d’un marais ou en encore, au figuré, une personne elle aussi dite ‘épaisse’, donc forcément…pas fine. 

Les Romains pensaient que la chose avait quelque chose à voir avec une membrane du cerveau trop développée (en tous cas trop grasse) et les médecins de Molière en étaient à peu près au même point quand ils voulaient libérer le sang de ses ‘humeurs grasses’. Il n’empêche que l’orthographe latine est restée dans l’adjectif français crasse: ‘une ignorance crasse’ ne signifie pas sale mais épaisse donc importante; et la crasse elle-même est bien à l’origine la définition de la couche (épaisse!) de saletés qui se déposent sur la peau!

Bref, sous influence des parlers germains qui viennent se marier au gaulois avant le Moyen-Age, le ‘c’ de crassus se gutturalise et se transforme en ‘g’, raccourcissant au passage ‘grassus’ en gras, puis gros, l’un étant en général à la base de l’autre…Or, en italien, un ‘grosso’ n’est pas forcément lourd, même si parfois c’est ce qu’il pèse: l’adjectif pourra qualifier un homme important (un…gros bonnet, voire un ‘grand’ nom de famille, quelquefois même un personnage sacré). 

En (anglo)saxon ou en germain, l’idée est la même: un ‘big boss’ peut avoir la taille fine, et en allemand un Grosz ou Grossmann n’est pas gros mais grand (comme dans la majorité des cas alsaciens); et là encore, comme en italien, ‘grosz’ (comme schön) peut faire partie des qualificatifs attribués à Dieu (große Überraschung !(2)

Le français joue également volontiers sur la polyvalence du mot, sauf pour Dieu, on dira plutôt « Grand(s) Dieu(x) »: sont gros, à la fois Obélix (même s’il vaut mieux éviter de le lui dire) mais aussi le temps météo (redouté des marins), le dos (du chat qui ronronne) ou le temps chronologique (« j’aurai un gros quart d’heure de retard »). Pour ce qui est de la dimension des kilos sur la balance, l’époque conseille plutôt d’éviter si vous ne voulez pas être taxé de grossophobie…

Un mot sur son prénom, qui ne lui a pas porté chance en la circonstance même s’il a…tiré la fève puisque Fabio, Fabia, Fabiola (diminutif) ainsi que Fabien et Fabienne en français (3) ont pour origine le latin ‘faba’ qui désigne une fève; non pas celle de la galette mais probablement celles que récoltaient autrefois les propriétaires des champs de légumineuses. Les plus grosses possible, forcément!

(1) Littéralement ‘à grosse façon’, autrement dit…grossièrement, sans compter les détails ou sans précision de mesure (selon le contexte)

(2) ‘Grosse surprise!’ Et comme on ne sait rien de son tour de taille…

(3) Voir aussi l’article sur Fabius (Laurent, ex-premier ministre) et Fabiola (reine de Belgique, d’origine espagnole)

…après la victoire des Springboks de 2019 au cours de laquelle il avait marqué 22 points à lui tout seul; le joueur a réitéré l’exploit lors de cette Coupe du Monde 2023 en remplissant le compteur. Sud-Africain, Handré? Sans aucun doute, vu l’adaptation très…néerlandaise de son prénom, mais le natif de Somerset West (à l’ouest de Cape Town) et futur équipier montpelliérain a une autre caractéristique très britannique dans son patronyme.

On aurait pu craindre une mauvaise histoire avec ce ‘pollard’ dont la terminaison, tout comme en français, est souvent due à un suffixe péjoratif. Comme déjà signalé à plusieurs reprises dans le répertoire de ce blog, ‘fuyard, vantard, chauffard et autre connard’ ne font qu’aggraver leur cas quand on les affuble de cette syllabe sonore…C’est la même chose dans le vocabulaire anglo-saxon avec ‘bastard’ (no comment) ou coward (couard) par exemple. 

A l’époque de Shakespeare, un pollard a, de la même façon, désigné une monnaie de peu de valeur (1) que ne possédaient même pas ceux qui étaient un peu ‘ras’, et en l’occurrence on peut presque prendre le mot d’argot français au pied…du cheveu! Car, si l’on remonte à la racine la plus lointaine, ‘a poll’ évoque (entre autre) la forme d’un doigt recourbé qui pince quelque chose. Par extension, le mot est devenu dans le langage commun anglais du Moyen-Age le surnom d’un homme qui avait le ‘cou pincé dans les épaules’, autant dire quelqu’un de particulièrement trapu, parfois carrément handicapé à cause d’une tête ‘enflée’.

Pire encore: en poussant le raisonnement jusqu’au bout (la tête qui ‘disparait’ dans les épaules), l’image s’est portée sur le haut de la tête (non, pas la décapitation) pour désigner une coupe rase de la chevelure (avec la même impression de grosse tête sans doute), quelque chose qui risquait de se retrouver ‘ratiboisé’, pour reprendre un terme de même opération destiné à ‘rati-sser’ quelqu’un pour l’em-boiser’ (le ruiner ou le faire mourir).

Si ce n’est pas le cas sur le crâne d’Handré, c’est un peu ce qui est arrivé aux Néo-Zélandais au…ras du score; lesquels auraient été bien inspirés d’invoquer un autre Pollard synonyme que l’on trouve parfois en France et qui est simplement une variante de Paulard soit une forme (nordiste, souvent belge) de (St) Paul.

Après la victoire due, entre autres, à un coup de pied victorieux pour transformer l’essai, Handré a répondu qu’il ne se mettait pas la pression avant de tirer et qu’il ne pensait à rien de spécial. Pas la grosse tête, le monsieur; sauf peut-être étymologiquement!

(1) Un peu comme la ‘maille’ en France, dans l’expression « n’avoir ni sou ni maille », pas la moindre monnaie.