Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…s’apprêtant à abattre en duel ses adversaires politiques dans une allée de l’Assemblée nationale, la Première Ministre Elizabeth Borne (1) a donc « dégainé  le 49.3 » à plusieurs reprises afin de « faire passer » le budget de l’année à venir. Pour les lecteurs lointains qui nous font l’honneur de consulter ces pages, rappelons que le-dit « 49.3 » est le numéro d’un alinéa de l’article de la Constitution française qui permet à l’Exécutif d’engager la responsabilité de son gouvernement. Sauf motion de censure majoritaire, ce qui n’est pour l’instant pas le cas ici.

Bref, « le couperet est tombé » comme l’ont encore écrit certains médias, prolongeant ainsi les images de violence dont le milieu politique est coutumier (on a l’impression que c’est Marianne qu’on amène à l’échafaud). Il est vrai que le verbe qui nous intéresse aujourd’hui – et qui a…’furieusement’ tendance à devenir exclusif du langage parlementaire – évoque irrésistiblement le mouvement d’une arme qu’un cow-boy habile extrait en un dixième de seconde de l’étui fixé à sa ceinture, sans oublier la triple rotation autour de l’index qui appuiera sur la gâchette ! 

Il faut croire que les opposants à cette disposition vivent donc très mal cette prérogative encore une fois constitutionnelle, mais ce serait bien pire s’ils réalisaient le véritable sens de la racine de ce mot qu’ils prononcent à longueur d’interview : sans surprise, il est formé du verbe simple ‘gainer’, précédé du préfixe ‘dé-‘ qui exprime une action inversée ou modifiée (par exemple, dé-router, dé-former, dé-caler, et…dé-noncer signifient tous qu’on est revenu en arrière ou contre une situation).

Le « détail qui tue » ici, est l’étymologie de ‘gainer’, adaptation d’influence germanique du mot latin…’vagina’ (la mise en avant du ‘g’) dont le premier et très descriptif sens est le fourreau d’une arme, dont nous avons fait le synonyme gaine, ce qui revient au même, du moins selon les outils ou les instruments qu’on y glisse…Pendant des siècles en partant des Romains, la gaine est l’objet (le plus souvent de cuir) dans lequel on range une arme de poing fixée en général à la ceinture (2). Il n’y a guère que le forgeron ou le faucheur qui ont besoin d’un modèle en fer pour disposer d’une pierre de meule.

Sans pour autant faire disparaitre ce premier format, la gaine deviendra fourreau en s’allongeant au cours du temps pour abriter une arme plus longue jusqu’à une épée que les bretteurs vont dégainer au moindre gant jeté. D’où l’image belliqueuse de cette gaine indispensable à portée de main pour tirer le fer de son  ‘étui’, autre synonyme qui deviendra progressivement moins agressif quand on en fera un coffret à lunettes (de vue ou d’observation).

Or donc ce ‘vagina’ du latin très classique, devenu ‘wagina’ dans les premiers siècles de notre ère sous influence des parlers gutturaux de nos envahisseurs préférés, va également prendre un sens sexuel assez inévitable, comme pour beaucoup d’autres mots du langage courant, et désigner (une partie de) l’organe génital féminin, littéralement « l’étui dans lequel l’homme va fourrer son braquemart », ce dernier mot désignant tout à fait officiellement à la fois une arme (3) et l’un des nombreux synonymes du sexe masculin.

Si le réalisme de cette origine vous surprend un peu, dites-vous que le mot a eu bien d’autres connotations, revenant entre autres à une fonction primaire bien plus agricole puisque cette ‘gaine’ a également inspiré le nom de la gousse la plus remarquable de la nature, la…vanille (4), mais aussi le « petit vagin » (vaginula, en latin) désignant la balle du blé, même image. 

Vous pouvez également y rajouter toutes les gaines (corsets) et gainages (conduits isolants) possibles, il reste toujours cette volonté non seulement de contraindre mais aussi de « forcer le passage » ou de jouer son va-tout en dégainant un argument fatal…Au fait, forcer le passage pour pénétrer quelqu’un, ce ne serait pas un sorte de viol de la démocratie par hasard? Voilà qui ne va forcément pas plaire aux féministes de certains partis, y compris sans doute étymologiquement!

(1) Voir l’origine de son nom en tapant le mot dans le champ de recherche (mai 2022)

(2) Mais dans des cas plus pervers, la gaine peut être attachée sur le mollet ou le bras et cachée sous un vêtement…

(3) Au 19è siècle, c’est encore une petite épée courte avec une lame à double tranchant (performance!).

(4) Voir l’article sur la pièce de théâtre ’Les Monologues du Vagin’

…à l’occasion de la remise de la récompense quasi-suprême de ceux qui adorent oublier les débordements divers (fiscaux, comportementaux, sexuels) au profit des derniers coups de pied par ailleurs magistraux.Célébrons donc l’honneur qui est fait cette année à l’attaquant et capitaine du Real, même si – d’un strict point de vue étymologique – son patronyme laisse planer quelques doutes. 

En effet, si l’on remonte un tant soit peu dans la racine du mot (dont Karim n’est, rappelons-le, en rien responsable), on découvre sans surprise la provenance géographique familiale (dont s’enorgueillit le clan du joueur): il s’agit évidemment d’un mot de souche arabe de la zone algérienne, plus spécifiquement kabyle, qualificatif très particulier revendiqué par beaucoup de ses natifs comme une ‘nation (une ethnie) à part’. 

Dans la langue concernée, on a affaire à une sorte de nom commun qui s’applique à un aïeul, le ‘benzema’, avec une prononciation puis une orthographe vraisemblablement adaptées au parler français au moment de l’immigration, d’après la forme ‘benzama’ ou mieux ‘benzima’. Car, pour la langue arabe comme pour l’anglaise et bien d’autres, difficile parfois de traduire au pied de la lettre ce ‘benzima’ par un seul mot en français : le sens premier représente assez bien l’expression ‘une accusation sans fondement’, ou ‘une accusation gratuite’. 

L’idée est en effet celle d’une situation où quelqu’un pose une affirmation fantaisiste ou erronée, de façon souvent ironique ou sarcastique; dans certains cas, on peut retrouver le procédé dans la définition d’une litote ou d’une antiphrase en français (vite, mon dico)…Attention, il n’est pas question à proprement parler de mensonge, mais plutôt de prétention, d’usurpation d’une fonction ou d’un titre, ou d’un faux témoignage (toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure coïncidence). En foi de quoi, un benzima/benzema qualifierait donc un homme (ici, ‘ben’ n’est pas forcément synonyme de ‘fils de’, comme c’est généralement le cas), quelqu’un qui se prévaudrait de certaines compétences ou priorités (no comment, « c’est du passé » a dit Didier Deschamps sur des sujets hors-football).

 Il faut signaler que quelques nationaux algériens (non kabyles) affirment comprendre différemment le son en fonction de leur région d’origine, toujours plus ou moins déformé au moment du passage dans notre langue: soit ‘ben-zelma’, du coup littéralement ‘le fils de la -sa?- mère’, d’une logique implacable mais pas très signifiant car trop évident; soit ‘ben-(a)zelmad(h)’, celui qui vient de la gauche, sans qu’on sache vraiment à quoi ferait référence la direction (l’occident?), en tout cas rien au sens figuré.

Impossible de terminer sans dire un mot sur le prénom de notre lauréat, l’un des 99 qualificatifs donnés à Dieu (et également au prophète Mohammed), un adjectif substantivé en surnom qui signifie généreux. Une qualité dont va forcément avoir besoin le héros du jour pour répondre à toutes les questions des médias; y compris étymologiquement…

…du pdg de Total Energie dont le patronyme est devenu plus médiatisé auprès du grand-public à l’occasion (sinon…la faveur) de la dernière et spectaculaire réévaluation de son salaire. Difficile effectivement d’éviter d’être pris dans le tourbillon des revendications syndicales du moment; il n’empêche que, pendant que l’on négocie au dixième de pourcentage près les rémunérations et avantages des employés, l’homme peut voir les choses de (très) haut, y compris étymologiquement!

Certains des lecteurs fidèles de ces chroniques auront déjà deviné la provenance de ce nom originaire du Sud-Ouest et typique d’une grande famille aux formes diverses. Car, même né à Petit-Quevilly (Seine-Maritime) soit déjà en pleine zone…de sites de raffineries (1), le mot est bien plus ‘raccord’ avec la présence familiale en pays Basque (Bayonne, St-Jean de Luz), en tous cas d’un point de vue linguistique. A la base des Pouyanné ou Pouyanne (2), il y a le mot latin ‘podium’ dont l’évolution à travers les siècles et les régions va donner matière à de nombreux termes, tous pour désigner une hauteur, une colline ou une montagne, selon le contexte géologique.

En effet, ce ‘podium’ ne qualifie en effet pas (encore) l’estrade sur laquelle on monte pour faire un discours pour les élections municipales ou un escabeau numéroté pour champions olympiques, mais un site qui permet de surplomber son entourage. Le mot va successivement se transformer en “poium” (avec la chute du “d”), puis ‘pouy’ et enfin…’puy’. Le Puy de-Dôme et ses voisins ne sont donc pas des endroits où il y avait un trou rempli d’eau (ça, c’est les puits) mais une élévation du terrain plus ou moins importante, en l’occurence ici des volcans éteints.

Et c’est sur ce puy que vont s’appuyer, selon le parler de leur région, tous les noms comme Pouy, Puech (version occitane), puig (catalan), sans oublier les Pouyet (la petite colline) ou les Pouyalet (la toute petite colline), etc…Même racine pour leurs composés à commencer par les Dupuy évidemment, les Dupouy (celui qui vient de ou qui habite sur la colline), les Dupuch (version gasconne) et, en décomposant l’article contracté, les Delpech (3) par exemple; en Catalogne, plutôt que pouy ou puch, on va décliner cette forme puig, comme à Puigcerda, près de Font-Romeu.

Même raisonnement pour les Pujol(s), les Despujol(s) ou même les Pouyade plus connus sous l’orthographe Poujade, voire les Pujadas (David)…Preuve que ce puy n’a rien à voir avec un puits d’eau vive, sa…source vient d’un autre mot latin ‘puteus’ (d’où la persistance du ’s’ en français) qui désignait un trou ou une fosse, voire une cheminée (géologique) et enfin un conduit pour puiser dans une nappe. Impossible donc d’avoir des puits mais uniquement des puys plein les montagnes d’Auvergne, mais pas que…

Un peu plus loin que notre Puy-de-Dôme (une sorte de pléonasme?), de Sancy ou d’ailleurs dans la chaîne, la Vendée a son ‘Puy-du-Fou’, lequel ne désigne donc pas le trou où on mettait un débile, mais la « colline du faou”, écriture bretonne d’un ‘fagus’ latin représentant le hêtre (autrefois) particulièrement fréquent sur les pentes. La différence de niveau devait être moins importante, tout comme dans la région de souche linguistique de Patrick, à la lisière des Landes. Mais quand on est plus haut que les autres, tous dépend d’où on les regarde, non?

(1) Gonfreville-Lorcher, Notre-Dame de Gravenchon… 

(2) Comme Julien, fondateur (en 1903) de la banque régionale du même nom en pays d’Orthez, Béarn.

(3) Voir la chronique dédiée au chanteur Michel, avec de nombreux autres exemples.

…aussi bien quand il s’agit de sa carrière que de faits de société; quelques médias ont récemment relayé des confidences sur sa vie personnelle qui ont suscité plusieurs demandes au sujet de son patronyme. Notre Clémentine de naissance…sénégalaise (1) porte en fait un nom de source occitane, dont l’orthographe originelle ’celairièr’ a parfois poussé quelques explications un peu rapides vers une histoire de…céleri. Or, les Célarié n’ont pas de persil dans les oreilles.

Le clin d’oeil n’est pas totalement gratuit puisque ce sont nos ancêtres les Grecs qui qualifiaient indistinctement de ‘sélinon’ un certain nombre de plantes à petites feuilles découpées que nos répertoires modernes appellent ‘aches’. Entrent dans cette famille toutes les variétés de persil et donc de céleri aux branches amères (après transformation de ‘selinon’ en ‘selenon’ puis ‘celeron’ et enfin celeri avec un ‘retour’ inattendu mais probable du son ‘i’ en finale). 

Dans certaines langues (comme le groupe serbo-croate et dérivés) le nom du céleri se dit ‘celar’, ce qui se rapproche bien mieux du nom qui nous intéresse à condition d’aller chercher cette fois dans le latin le verbe ‘celare’ qui signifier cacher; celui qui donnera le terme français un peu ancien (du moins relativement rare) de ‘céler’ ou « ne rien céler » dans la langue de Molière, c’est-à-dire dissimuler sa pensée, ses sentiments (2).

C’est bien ce verbe-là qui nous dirige vers les Célarié et Célarier (et pas du tout le céleri, donc) puisque les Romains vont en faire le petit coin de la maison où l’on cache les aliments que l’on veut conserver ou plus simplement ranger, soit un ‘cellarium’ qui va donner en français le cellier, la pièce où l’on garde théoriquement jambons et bouteilles de vin (puis souvent un peu n’importe quoi, au sens de cave selon architecture de la maison (3).

La racine latine va donc servir à faire un cellier puis un célarier avec un suffixe en ‘-ier’ qui marque traditionnellement une activité ou un…mét-ier. Devenu nom ‘propre’, le Célarier ou Célarié – simple question de notation, le son est le même – va alors qualifier le préposé (à descendre) au cellier et à gérer son contenu; le plus souvent ce sera dans une maison suffisamment ‘riche’ pour se permettre cet emploi, on parle donc souvent d’un château ou même d’une abbaye dont il fallait s’occuper des stocks.

Que ce soit une simple cachette dans un mur ou une galerie voûtée, pendant que le cellier s’adresse à des biens de consommation, la ‘celle’ (terme encore présent dans la description de certaines communes de France où se trouvait un ermitage) va désigner une petite maison, souvent avec une pièce unique comme pour le diminutif ‘cell-ule’, l’espace plus ou moins isolé (même psychologiquement) habité par un moine.

C’est cette même notion de fermeture (sur soi ou sur l’environnement) que l’on retrouve dans la pièce avec grilles d’une prison, aussi bien que dans l’habitacle d’un avion (le terme est un peu plus technique) et même dans la structure biologique de base de tout organisme vivant qui contient les éléments de sa propre existence et la possibilité de se multiplier. De quoi expliquer sans doute la vitalité de notre comédienne, y compris étymologiquement!

(1) Simplement née au Sénégal, pas de souche africaine

(2) Dans beaucoup de pièces de théâtre, le mot désigne souvent pour l’héroïne le fait de ne pas ouvrir la porte à…son amoureux.

(3) Voir aussi l’article sur la version germanique transparente du mot en tapant Zeller (Florian)

…pénurie, ce qui ne manque pas de sel ou plutôt si, avec le beurre, les pâtes ou l’huile, selon les ‘paniques’ du moment. Plus gênante et définitive que la sobriété (1), plus immédiate que la récession, moins lointaine que la décroissance, la pénurie indique le manque de quelque chose…et même de quelqu’un si l’on en croit l’idée que s’en faisaient les Romains. Non, il ne s’agit pas du ‘manque’ sentimental ou physique d’une personne (2) mais le défaut d’occupation à un poste, style « il y a une pénurie de militaires » dans l’armée d’occupation (ça marche pour tous les pays et à tous les siècles).

Notre pénurie n’est apparue qu’au 18è siècle, soit très ‘tard’ dans la formation du vocabulaire, alors qu’on sait parfaitement que le peuple de Louis XVI a connu une pénurie de brioches et Roland une pénurie de renforts à Roncevaux. Bref la pénurie, comme dit le dictionnaire, c’est le manque d’une chose nécessaire (3) pouvant conduire, dans les cas extrêmes, à la pauvreté et à la misère. 

Pour faire moins effrayant – et pour tout dire plus ‘classe’ – vous pouvez aussi parler de la disette, dont on craignait le temps (la période) dans la France paysanne. Le mot est devenu désuet (voire prétentieux) actuellement, mais il illustre à nouveau assez bien la définition latine de la pénurie, soit précisément le constat d’un garde-manger vide (un peu vous, le dimanche soir, quand il n’y a plus rien dans le frigo).

Par extension, ce problème ménager s’est appliqué à toute ‘provision de bouche’; la pénurie est donc, étymologiquement, essentiellement alimentaire…Reste à à dire un mot sur la racine qu’employaient les Romains, ce qui va expliquer cette syllabe ‘pen-‘ qui n’a rien à voir avec la ‘penibilité’ (dérivée de ‘pénible’ donc de ‘peine’); le terme initial en vaut pourtant la peine puisqu’il s’agit de ‘penus’, nom commun neutre à ne pas confondre évidemment avec son voisin ‘penis’ qui qualifiait…un pinceau (comme vous le pensiez), ustensile qui a inspiré par la suite tout appareil – y compris génital – de morphologie similaire (ou approchante). Les statistiques semblent d’ailleurs montrer que, paradoxalement, les périodes de pénurie sont assez propices aux sessions de peinture, quelque soit le pinceau…Au moins étymologiquement.

(1) Voir à quelques chroniques précédentes

(2) Remarquez l’équivoque du français: « le manque de »,  est-ce elle/lui qui vous manque (de l’essence, par exemple) ou vous qui lui manquez (pour cause d’absence) ?

(3) Comme quoi, la baguette et le litre de diesel, même combat.